Magazine Journal intime

Le comuteur

Publié le 30 mai 2008 par Lephauste

Ligne A, ligne B, ligne C, ligne D, cherchez pas dans vos abécédaires il n'y a pour ces lignes là aucune image d'hirondelles, aucun arbre, aucune maison d'où le papa sort au matin tandis que maman prépare les petits en leur beurrant de grosses tartines. Il n'y a pour ces lignes là que la suie, la suée, l'aigre gueule de l'emploi, le réveil amer à trois cent par wagon. Trois cent parfums de pacotille, trois cent regards d'assassins, trois cent fois mil raisons de maudire les voyages en ce que ceux ci ne forment plus que le servile.

Ligne D c'est l'aube, les quais sont à ras bord de matière noire, c'est l'heure de ces salauds qui usinent aux tri des ordures, c'est l'heure de ces importunes en boubous et qui vont au bureau pour vider les corbeilles, c'est l'heure des chiens sous muselières, de leurs maîtres se frayant dans la foule leur chemin d'intouchables, c'est l'heure de la masse unique et délabrée sous l'uniforme libéral.

-En raison d'un problème lié à la maintenance du matériel les trains en direction de Melun circulent avec 30 minutes de retard !

Je suis un comuteur, un usagé du RER, un client du droit de péage, le comuteur idéal. Je fais bip à l'heure H et m'engonce dans la charnière humaine, chaque matin, dans la charnière humaine maintenue en vie par les écouteurs, les vibrations du téléphone, la lecture du journal gratuit; Un cataclysme en Mirbanie, une junte au Luxembourg, La mer se retire enfin sur un paysage de désolation et de virages en coups de freins  la matière  entre en fusion. on  se bouscule, on signore,  on s'applique à se traiter comme on  nous dit, méprisables, méprisant, sousbassement d'une pyramide d'où cascadent  les images  de la réussite.  Elodie sauve son enfant  de la noyade  !  Un monsieur si gentil pourtant  ? Le père avoue le viol du saint esprit  ! Trente ans de réclusion  pour le meurtrier du petit  Jean-Philippe  ! De belles perspectives pour le marché de l'immobilier !  Les époux royaux sont arrivés  à Roissy...

Je suis l'aliment frelaté dont la capitale  nourrit ses boyaux où s'affiche le papier monnaie, en panneaux immondes  


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