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Secrets de restauration

Publié le 01 avril 2015 par Aicasc @aica_sc

Préserver un tableau, lui redonner son aspect initial tout en respectant son authenticité, telle est la mission du restaurateur d’œuvres d’art.
Le restaurateur identifie les altérations de l’oeuvre et dresse un constat d’état. Il détermine ensuite le type d’intervention, les traitements et le temps nécessaires à la restauration selon l’époque de création, le style de l’artiste, les matériaux employés.
Une habileté manuelle, une sensibilité artistique et des connaissances scientifiques sont indispensables pour rendre son identité à une oeuvre.

L'oeuvre avant restauration

L’oeuvre avant restauration

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L’oeuvre après restauration

Pour illustrer  ce processus AICA Caraïbe du Sud  partage aujourd’hui avec vous une mission de restauration conduite en août et septembre 2013 par Cécile Mauduit de l’Atelier Ellipse, celle d’une oeuvre de Kho Kho René Corail.

C’est une œuvre de dimensions imposantes, 255cm x 135cm et très particulière puisqu’ elle associe une sculpture en métal et une toile de jute brute apprêtée à la colle blanchie au kaolin, marouflée à la colle vinylique sur contreplaqué marine de 19mm. L’artiste à donc utilisé une technique mixte.
La sculpture est fixée par onze tiges en fer et boulonnée devant un fond peint au moyen de pigments glycéro et acrylique. C’est un assemblage de divers de métaux parfois récupérés et recyclés : tôle striée, fer à béton, tube carré, deux cache- culbuteurs de voiture ancienne, fers carrés de dix assemblés par soudure.
Un système de barre horizontale est prévu pour son accrochage.

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La restauration de l’œuvre s’est effectuée en plusieurs étapes :
Pour commencer, la séparation de la sculpture de la surface peinte.
Sur la structure métallique, un  décapant performant a permis d’éliminer vernis et peintures au recto et au verso par brossage. Puis un convertisseur de rouille est venu  protéger le matériau pour une dizaine d’années  et servir aussi de finition.

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La toile peinte marouflée sur contreplaqué marine de 19mm encadrée de bois pin du nord brut de 7 cm a été dépoussiérée par aspiration puis désencrassée au Tween et à l’eau eau minéralisée.
Le bois du cadre dégradé par les insectes a été enlevé
La toile longuement écrasée par le poids de l’œuvre reposant sur ce coté a été défroissée et mise a plat, traitée par un restructurant.

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Le contreplaqué marine attaqué lui aussi par les insectes a été progressivement éliminé par défeuillage manuel, au ciseau à bois avant un ponçage minutieux de la dernière couche de bois , support de la toile peinte qui elle sera conservée.

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Pour répondre aux nombreuses problématiques de conservation posées en milieu tropical/humide et par son exposition dans un lieu public les choix suivants ont été arrêtés :
-le remplacement du contreplaqué marine et du cadre en bois dégradés : le cadre en bois de pin a été remplacé par du PVC 4mm de, le support de la toile par un panneau composite en aluminium et noyau de polyéthylène.
– le marouflage l’ensemble de la surface ( toile peinte + bords PVC) sur un panneau composite en aluminium et noyau de polyéthylène. Ce matériau pratiquement indestructible offre légèreté et solidité , sécurité pour les insectes et l’humidité . En outre il  ne dégage pas d’odeurs ou particules nocives pour les lieux publics.

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Pour la restauration de cette partie six (6 ) colles différentes ont été utilisées:
-Néoprène pour la toile collée sur les bordées PVC.
-Ciment-colle polyuréthane mono-composant pour l’adhésion de la dernière couche de contreplaqué marine conservée et de l’aluminium.
-Colle acrylique sur les pliures à assouplir.
-Colle à dispersion et agent mouillant pour redresser la partie basse très traumatisée par les écrasements .
– Ruban adhésif double face pour le retour des bords au dos
– Ruban kraft gommé pour la finition.

L’aluminium a été dégraissé chimiquement et mécaniquement. Le ciment-colle polyuréthane étalé généreusement pour multiplier les points de liaison.
Après séchage de l’encollage ,  les bordées de la toile peinte ont été retournées et la pose de pièces de jute naturelle récupérées au pourtour s’est avérée nécessaire dans les nombreuses zones lacunaires.

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La peinture elle-même au subi un second puis troisième désencrassement.
Un passage d’alcool absolu a régénéré les coloris .
La couleur blanche d’origine Glycéro jaunie au vieillissement et les colles type néoprène employées initialement rendent cette couleur claire peu récupérable.
Les zones peintes traumatisées par d’anciennes pliures ont été restructurées et refixées avec une résine synthétique ( Klucel G)
Les zones vernies en opposition aux zones mates ont été accentuées par une résine diluée ( paraloide très dilué) .

La sculpture restaurée a pu alors être fixée de nouveau sur la plaque support de la peinture , percée pour recevoir les onze boulons de fixation et les quatre autres de la barre d’accrochage avant le masquage coloré des teintes endommagées par le passage de la mèche de perçage.

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