Un Pot aux Roses en forme de cri d'alarme : sauvons nos Rembrandt !
1) Double portrait de Rembrandt : le pire scandale culturel en France depuis quarante ans nous menace !
Une fois n’est pas coutume, notre pot aux roses ne s’ouvrira pas sur des considérations économiques, financières ou politiques mais sur l’incroyable passivité avec laquelle la France s’apprête à renoncer à garder sur son sol deux de ses plus beaux sujets. Au fond, la fuite à l’étranger des cerveaux et jeunes diplômés français trouve dans cette affaire comme un prolongement, un résumé, le symbole évident d’un déclin qu’il faut cacher car nous ne saurions le voir.
De quoi s’agit-il ? Le beau est certes une notion discutable mais la collection d’Eric de Rothschild abrite à Paris l’une des plus belles et des plus précieuses oeuvre d’art encore en mains privées au monde. Il s’agit d’un double portrait en pied peint par Rembrandt, le maître du siècle d’or hollandais, dans sa grande période dite bourgeoise. C’est une vraie merveille, un sommet intemporel dans le rendu des tons gris, blancs et noirs, dans l’exploration psychologique des modèles, dans le réalisme poignant du trait et la parfaite précision du dessin. Aucun autre «particulier» au monde ne possède plus de tableaux aussi insignes.
Nous nous abstiendrons ici d’écrire ce que nous inspire d’ordinaire la politique de Monsieur Hollande et de Madame Pellerin. Mais c’est pour ajouter aussitôt que, s’ils laissaient partir ces chefs d’oeuvre, nous aurions la preuve la plus absolue de leur nullité dans l’exercice de leurs fonctions respectives, la démonstration cardinale qu’ils ne méritent pas de rester cinq minutes de plus dans les palais républicains qui les hébergent.
Si l’affaire n’était pas aussi grave, nous dirions en souriant que c’est sans doute parce qu’il s’agit de portraits de bourgeois que nos socialistes ne se sentent pas concernés ...
L’Etat est impécunieux ? Certes, mais les entreprises de France et quelques particuliers ne le sont pas tous. Cette paire de tableaux est estimée à 150 millions d’euros. Il faut d’urgence adopter une loi qui permette exceptionnellement, puisqu’on est dans une situation hors norme, aux particuliers et aux entreprises de contribuer à cette acquisition en déduisant 99 % de leurs dons du montant de leur impôt.
Il ne s’agit pas réellement d’une dépense à fonds perdus pour l’Etat puisque ces oeuvres entreront dans le patrimoine national. On peut donc espérer que des députés, tous partis confondus, se saisissent de cette question et présentent toutes affaires cessantes une proposition de loi si d’aventure le gouvernement demeurait inerte. L’unité nationale est le plus souvent un vain mot lorsqu’il est galvaudé par des politiciens cyniques. Mais face à un enjeu patrimonial de cette importance, elle est indispensable.
La sortie de France des portraits de Marten Soolmans et d’Oopjen Coppit, son épouse, peints en 1634, a été acceptée par le directeur du Louvre au motif, apprend-on, que «l’Etat n’est pas en capacité financière d’acquérir les oeuvres proposées». Ce sont les propres termes d’une capitulation. En 1940, l’Etat n’était plus en situation de se battre, à ce que certains disaient.
Puisque ce magnifique Etat est à ce point défaillant et incapable de faire face à ses devoirs, c’est à la société civile, aux Français dans leur ensemble, que le défi est posé.Tout doit être fait pour empêcher ce trésor de quitter la France. Si par malheur cela se produisait, il faudrait remonter à la destruction des Halles de Baltard dans le domaine architectural ou à l’exportation aux Etats-Unis des panneaux dits de Louveciennes peints par Fragonard, chef d’oeuvre de la peinture française du dix-huitième siècle, pour observer pareil désastre. Nous aurions la preuve que, décidément, notre pays n’est plus à la hauteur de son passé. Celles et ceux, par-delà les affiliations et engagements de toute sorte, qui aiment l’art et le patrimoine doivent rapidement se retrouver pour agir. Espérons également que la famille Rothschild saura patienter le temps que les fonds soient réunis. Elle se montrerait ainsi digne de ses ancêtres qui contribuèrent tant à l’enrichissement du Louvre.
2) Quand François Hollande va de nouveau chercher ses ordres à Berlin
Les pesanteurs françaises font que la reprise liée à la baisse de l’euro est encore tiède et souffreteuse. Dès lors que l’Etat, toujours lui, pour tenter de redresser un peu ses comptes, sabre ses investissements et ceux des collectivités locales, cette mollesse n’est guère étonnante et risque de durer. Et comment rebondir quand le secteur public, qui absorbe 57 % de la richesse nationale dont une large part en dépenses de fonctionnement et transferts, doit rester à la diète ?
Ce peu de croissance permet tout juste aux Français de ne plus désespérer. C’est là tout le drame politique des socialistes : la situation est suffisamment mauvaise pour doper leur adversaire de l’UMP mais pas assez pour faire monter le FN à un niveau tel qu’il détruirait la droite et provoquerait les situations les plus incontrôlables, celles où Hollande pourrait espérer reprendre la main contre toute attente. Bref, la tactique attentiste se transforme en un piège pour Hollande et Valls. Il est peu probable qu’Aubry et leurs autres détracteurs socialistes les laissent faire au-delà des régionales.
Qu’imagine alors Mou-président pour se rassurer ? Il s’en va encore une fois en Allemagne faire amende honorable. C’est devenu un vice propre à nos dirigeants de droite comme de gauche que d’aller se réchauffer moralement de l’autre côté du Rhin. La trahison des clercs transcende les républiques et les partis. Les Allemands, au fond, s’en moquent : l’appauvrissement lent et régulier de la France par sa désindustrialisation ne les affectent pas outre mesure. Ils ont le temps de recomposer leurs exportations et de planifier leurs week-ends dans le «Gross Paris». Hollande aurait dû faire comme son Premier ministre et annuler son déplacement.
Ne lui reste désormais qu’à user Valls jusqu’à la corde pour le remplacer par Bartolone après les élections régionales, sans aucun espoir de plus ample succès et s’il tient jusque là. Au fond, Hollande aurait dû laisser Ayrault en place, lui qui parle couramment l’allemand.
3) Inhumain, trop inhumain
Rappelez-vous, il y a peu de temps encore la gauche assénait qu’elle voulait remettre en selle l’«humain d’abord» contre l’affreux libéralisme exploiteur. Les traductions concrètes de cet «humain» se nommaient bureaucratie, étatisme et subventions mais il ne fallait pas s’en émouvoir.
Voilà soudain que ces amis de l’humain ont décidé d’escamoter des collèges l’enseignement du latin et du grec. Ils sont inutiles, comme de vulgaires tableaux de Rembrandt. Comment appelait-on ce savoir autrefois ? Ah oui ! Les humanités. Supprimer les humanités, voilà à quoi en sont réduits les défenseurs auto-proclamés de l’«humain».