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Les empêcheurs : le sournois

Publié le 24 mars 2015 par Bobo Mademoiselle @bobo_mlle

Les empêcheurs : le sournoisJe suis quelqu'un de parole alors comme promis, je vais reprendre un sujet que nous avions bien en main : les empêcheurs de tourner en rond. Je commencerai par l'un des plus vicieux et des plus pénibles profils que j'ai identifiés au fil du temps : j'ai nommé " le sournois ". Tout le monde en a rencontré au moins un dans sa vie, que ce soit à l'école, parmi ses amis ou au travail. Le sournois est facilement reconnaissable à sa rengaine : " la haine, ça soude ".

Le sournois est celui qui, à l'école, faisait tout pour se faire bien voir des profs tout en les critiquant âprement à la récré. Quand il était petit le sournois était moqueur, toujours prêt à ricaner dans le dos de ses camarades et à diviser la classe en clans. Au travail, le sournois fait pareil : il a toujours quelque chose à redire de la hiérarchie, mais il ne le dit jamais en vrai. Il préfère comploter, mutiner, se faire leader d'un groupe d'insatisfaits qu'il galvanisera autant qu'il pourra pour ensuite l'envoyer au feu (pendant que lui, de son plus beau sourire, s'étonnera auprès du patron de ce vent de révolte en train de souffler). Adepte du regard en coin, des messes basses et du haussement d'épaules quand il est sûr que nul ne le voit, il prend rarement position en public avec sincérité et spontanéité (en tous cas, quand il le fait, ses prises de positions sont assez timides, contenues et souvent conformes à ce qu'il se dit autour de lui à ce moment là).

Car ce que j'ai cru comprendre du sournois c'est qu'il n'est pas courageux. C'est en réalité un être paradoxal, qui pourrait même paraître attachant de prime abord. Il est, en général, mû par un réel idéalisme : il lit, s'informe, réfléchit et est capable de restituer de façon claire un raisonnement complexe. Bref, le sournois ne pense (ni ne dit) pas que des conneries. Mais de la même façon qu'il préfère déléguer (sournoisement) les deux-tiers de son travail (tout en en conservant la responsabilité et les lauriers, naturellement), il considère qu'il est moins fatigant d'atteindre ses objectifs en manipulant son prochain plutôt qu'en militant lui-même. Pour le sournois, tu n'es donc pas une personne à part entière, mais une munition.

Si tu es en phase avec les idéaux du sournois, que vos convictions se conjuguent, et que tu es quelqu'un d'intègre et militant, tu ne vois aucun inconvénient à participer à l'effort de guerre de temps en temps. Quand tu as l'impression d'être le serviteur de polémiques stériles qui t'empêchent d'avancer, de te concentrer sur tes défis (qu'ils soient d'intérêt commun ou personnel), alors tu as envie de hurler " halte au vice ! " Il faut aussi savoir lâcher du lest et définir des priorités.

C'est là que le sournois devient vraiment sournois, car dès que tu quittes son emprise, il s'empressera de se retourner contre toi. Le sournois te fera perdre un temps fou avec ses questions sournoises, cherchant à te mettre face à tes absurdités quand tu refuseras (par principe) de te rallier à sa cause. Ami lecteur, je t'entends te demander si je ne souffrirais pas d'un léger sentiment de persécution. C'est très possible, je ne te le cache pas. Mais avoue qu'il y a de quoi quand, malgré la franchise et la transparence dont tu fais preuve, tu assistes entre des personnes adultes et éduquées à des coups fourrés, des manigances et des opérations de bashing.

Pour se protéger du sournois, la règle est simple : il ne faut jamais (JAMAIS) rentrer dans son jeu mais au contraire se détacher de toute emprise (quitte à mettre de la distance), rester fidèle à ses convictions et adopter face à lui une attitude exemplaire. Ca ne changera absolument rien à l'état d'esprit du sournois, autant te le dire (mais nous n'avons pas la prétention de vouloir changer le monde et de le rendre meilleur, fort heureusement). Ami lecteur, j'aimerais pouvoir te dire que cette solution fonctionne à tous les coups mais comme le sournois est, par définition, sournois (et, ne l'oublions pas, " la haine ça soude "), pour peu que tu lui deviennes fortement antipathique, il n'hésitera pas à te coller sur le dos son armée de mutins pour te pourrir la vie au quotidien. Mais dis-toi que ce ne sont que de petites heures sombres car le sournois, tout sournois qu'il est, est avant tout quelqu'un de malheureux et de fatigant. Finalement il déploie tellement d'énergie à trouver des stratagèmes qu'il finit par faire de la peine... jusqu'au moment où il finira par se fatiguer lui-même.


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