C'est l'une des règles fondamentales du management : pour être sûr qu'une tâche soit effectuée, confie-la à ton collaborateur le plus occupé. Il saura s'organiser pour s'en défaire. Celui qui n'a rien à faire, lui, se disperse, noie le poisson, procrastine et, ce qui était urgent hier ne le sera finalement plus tant que ça demain. Et ainsi de suite jusqu'à effacement complet de la tâche en question (à moins que toi, habile manager que tu es, tu ne l'aies rebasculée sur ton collaborateur le plus charrette).
Bref. Tout ça pour dire que depuis que j'ai démissionné, même si je ne suis pas complètement inactive (en tous cas pas encore), je trouve qu'il n'est pas si facile d'organiser le temps supplémentaire qui m'est imparti. Attention ! Cette situation n'est pas seulement due à une incapacité de mettre de l'ordre dans les priorités de mes journées. Ou encore moins à une sensation de plénitude que je pourrais retirer d'un nouveau regain de liberté et qui se traduirait par une oisiveté béate.
Je pense au contraire que derrière cette mauvaise gestion de mon agenda se cache un besoin de contrôler farouchement mon temps libre. J'ai donné ma démission parce que je n'y arrivais plus et que j'avais besoin de temps, DE TEMPS bon sang. C'est donc logique qu'aujourd'hui, ce TEMPS, je veuille me le garder précieusement, que je me le remise par-devers moi, que je le protège d'éléments extérieurs qui pourraient venir me le grignoter à l'insu de mon plein gré. Car le problème est bien là : ami lecteur, si toi aussi tu as connu le burn-out, tu as aussi probablement ressenti le besoin d'exister pour toi-même, de t'épanouir dans un projet personnel qui te permettrait de retrouver un équilibre avec ta vie professionnelle, sans être assujetti à des horaires et des impératifs d'entreprise dont le combat ne te concerne finalement que de très loin.
A part trouver ma voie, je n'ai pas encore bien saisi quel était ce nouveau combat auquel j'allais désormais me livrer. Souvent j'y pense - non sans culpabilité - entre la résolution d'une escape room et un masque à la boue, en refusant des apéros entre amis, parce que " non-j'ai-pas-le-temps-tu-vois-pas-que-je-suis-super-occupée-à-redonner-un-sens-à-ma-vie-là ? " En même temps, les gens sont d'un sans-gêne... c'est vrai quoi, ils pourraient quand même prendre rendez-vous et définir un ordre du jour. Les agendas c'est pourtant pas fait pour les chiens.