Magazine Journal intime

Le burn-out

Publié le 01 mars 2015 par Bobo Mademoiselle @bobo_mlle

Le burn-outNon, je n'ai pas pris feu. Au contraire, avec tout ce que je pleurais j'aurais pu éteindre quelques incendies. Alors pourquoi cela s'appelle-t-il burn-out me diras-tu ? A la limite burn-in, car si je me répandais comme une fontaine vue de l'extérieur, à l'intérieur je bouillonnais. J'étais littéralement au bord de l'implosion.

Avant d'en chercher la cause, tentons de décrire les symptômes du si mal nommé burn-out afin que tu puisses savoir, ami lecteur, si c'est bien de ça dont tu souffres (car n'allons pas chercher midi à quatorze heures, si tu lis cet article, c'est que tu te poses de sérieuses questions sur ta santé au travail).

Le premier effet burn-out est sans nul doute une fatigue extrême, allant au-delà de toute logique et de toute raison. J'avais beau revenir de quinze jours splendides de vacances dans un lieu sain et reposant, les poumons gorgés d'un bon-bol-d'air-revigorant, dès les premières minutes de mon retour au bureau, je n'avais pu contenir d'inquiétants accès de tachycardies, une toux nerveuse à répétition et de légers tremblements qui allaient en s'amplifiant au fur et à mesure de la journée. Ca avait commencé dès le matin, à la sonnerie du réveil : une sorte d'immense torpeur doublée d'angoisse m'avait soudainement envahie. Là, tu ne peux pas t'empêcher de dissimuler un sourire en te souvenant des lundis de rentrée des classes après plusieurs semaines de vacances scolaires. Mais pourtant non : quand tu étais gamin, cette appréhension te quittait dès que tu retrouvais tes petits camarades avec lesquels tu t'empressais de reprendre le cours normal de ta vie. Il faut se rendre à l'évidence : si, à ton retour au bureau, la simple vue d'un de tes collègues accélère ton rythme cardiaque alors on se rapproche du burn-out dangereusement.

Car, et c'est bien là le deuxième effet du burn-out, toute personne que tu croises au bureau devient un individu susceptible de te demander quelque chose et cette simple pensée te fait frémir (par demander, j'entends " demander de PRODUIRE " quelque chose, que ce soit une idée, une action, ou même juste un café). Or, lors de mon retour, s'il y avait bien une chose dont j'étais convaincue, c'était que je me sentais bien incapable de produire quoi que ce soit. L'autre (l'individu, le collègue) était alors devenu un agresseur potentiel. Ami lecteur, je t'entends arriver avec tes gros sabots me taxer manu militari de paresseuse qui passerait son temps à se planquer derrière sa souris ou à se refaire une french entre deux coups de fil. Eh bien tu te trompes, et pas qu'un peu, mais nous ne sommes pas la pour nous justifier.

En tous cas, quand tu n'as pas l'habitude de te laisser déborder par les événements, ce deuxième effet a un corollaire bien malheureux pour ta santé mentale : tu ne te reconnais plus. Tu es un bosseur, celui qui d'ordinaire a la tête dans le guidon et ne dit jamais non à une tâche en plus. Que se passe-t-il ? Tu n'es plus le même et tu ne sais pas pourquoi. De mon côté je me sentais tout bonnement schizophrène, tiraillée entre ce que j'avais été jusque là - une travailleuse acharnée et déterminée - et ce que j'étais devenue - une épave, incapable d'aller de l'avant ne serait-ce que pour se diriger vers la photocopieuse. On se rapproche de plus en plus du burn-out (pour ne pas dire qu'on brûle, attention jeu de mots).

C'est là qu'intervient l'ultime effet burn-out, qui peut différer selon les sujets. Il s'agit de la façon d'aborder cet état de quasi-schizophrénie : certains deviennent agressifs et odieux, d'autres passent leur temps à se morfondre. Je faisais partie de cette dernière catégorie : à toi de voir ami lecteur à laquelle tu appartiens (si tant est que tu souffres toi aussi des trois premiers effets du burn-out).

Voilà donc dans quel état d'esprit je me trouvais en mai 2014 et ce qui a fait qu'aujourd'hui je suis ici, à recoller mes morceaux sur la toile pour comprendre comment j'en suis arrivée là et à chercher des pistes pour me sortir de ce mauvais pas.

Je fais donc le coming-out de mon burn-out et si je le fais c'est dans l'espoir que ça te serve de leçon (car un cinquième effet du burn-out - optionnel, celui-ci - est ce besoin irrépressible de se rendre utile, histoire de grandir humainement et d'exister par autre chose que son boulot. Pas si mal finalement).


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazine