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Le palefrenier

Publié le 04 avril 2015 par Journalvernois

Etalon

On ne peut pas dire que c’est un métier disparu mais plutôt une activité saisonnière que j’ai connu et qui n’a plus cours aujourd’hui. C’est celle de palefrenier (palefournier en patois) ou d’étalonnier pour d’autres
Jusque dans les années soixante les travaux agricoles se faisaient exclusivement avec les chevaux qui avaient supplanté les boeufs. Toutes les fermes possédaient plusieurs chevaux de trait « adroits » (qui pouvaient être attelés et savaient travailler) principalement des juments. Il y avait parfois un mâle castré plus puissant que les femelles. On ne se contentait pas de faire travailler les juments; On les faisait pouliner tous les ans, ce qui procurait un revenu complémentaire. Les produits étaient vendus pour la viande. Les boucheries chevalines étaient encore en vogue. On gardait parfois une pouliche pour remplacer une jument vieillissante ou une qui ne faisait plus l’affaire.

Il n’y avait pas un étalon dans chaque exploitation. On avait recours à celui qu’on appelait le palefrenier. C’ était souvent un employé saisonnier d’une personne qui possédait plusieurs étalons de race et qui tirait un revenu de l’activité de ses animaux. Le palefrenier parcourait la campagne à pied, de ferme en ferme, avec son étalon énorme et puissant, là où il était attendu. Je me souviens, et ça m’amusait beaucoup, de l’avoir vu arriver assis en travers du dos de sa monture. Je suppose que la position normale de cavalier était malaisée vue la largeur du dos de l’animal.

Quand on avait fait appel au palefrenier il venait 9 jours après que la jument ait pouliné. L’étalon faisait son oeuvre. Puis il revenait 10 à 12 jours après . La jument était présentée au reproducteur. Je me souviens des ronflements du mâle excité, des hennissements bruyants et nerveux de la jument. Les parents nous empêchaient d’assister à la scène mais on arrivait parfois à contourner l’interdit; saine éducation sexuelle, en fait. Si à son comportement le palefrenier voyait que la jument était revenue en chaleur, il la faisait couvrir à nouveau. Il faut dire que les chaleurs ne sont pas détectables sans la présence du mâle. Il repassait à nouveau 10 à 12 jours après pour une nouvelle présentation. Si la jument était présumée pleine il ne revenait qu’au bout de 3 semaines pour s’assurer qu’elle était bien en gestation. C’était ainsi pour chaque jument de la ferme. Toutes ne poulinaient pas le même jour ce qui occasionnait beaucoup de passages de l’étalon. Le coût de la saillie était établi quelque soit le nombre de passages. D’après ce qu’on m’a dit la campagne durait de mars à la Saint Jean.Pour ce paragraphe j’ai demandé des renseignements à un ancien.

Le palefrenier avait ses habitudes, ses maisons. Il savait où il était bien accueilli, où il pouvait prendre ses repas, et même dormir. Il n’était pas question de rentrer chaque jour chez lui à pied. Il montait dans le grenier chercher une bonne ration d’avoine, le picotin, pour son animal. C’était pour lui apporter de l’énergie, du « nerf », pour honorer plusieurs femelles le même jour. ( je crois que certains vont penser avoine = aphrodisiaque !!)
Puis avec la mécanisation, fin des années 50, début 60,( chez nous le 1er tracteur est arrivé en 1955), on eut de moins en moins recours aux chevaux de trait pour les travaux agricoles. Le nombre de juments régressa rapidement dans les fermes. C’est en camion que le palefrenier déplaçait son étalon. Il restait encore quelques juments conservées par affection, par habitude, pour effectuer de menus travaux comme la culture des pommes de terre et des betteraves et pour pouliner.Puis, les années passant il cessa son activité faute de juments en nombre suffisant

Depuis quelques années, on assiste à un retour en force du cheval de trait, un engouement pour le cheval lourd. Même des jeunes se sont laissés séduire. Preuve en est le nombre de juments présentes au concours annuel dans notre commune. Mais c’est vraiment pour le plaisir. Pour la plupart, les juments ne travaillent plus du tout et le poulain qu’elles élèvent est très peu valorisé. Plus besoin d’étalon ni de son palefrenier, on a recours à l’insémination artificielle pour la majeure partie des juments. Moins drôle pour l’étalon !

Quelques noms courants pour les juments. Margot, Comtesse, Ponette, Baronne, Marquise, Riquita

A bientôt

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