Parfois j’ai envie de faire… des choses que je ne veux pas faire ! C’est très étrange. Par exemple, nettoyer les vitres de mes fenêtres, je ne peux vraiment pas dire que j’aime ça. D’ailleurs, y-a-t-il quelqu’un qui aime cette tâche ? Donc, on va dire que je déteste cela, et pourtant, figurez-vous que le désir m’a pris de me lancer dans cette punition.
La faute au soleil et au beau temps qui s’installe. La misère serait bien plus belle au soleil, chantait le poète, on peut ajouter que la crasse s’y révèle mieux encore. Dès qu’il tape et donne sur mes fenêtres, la honte me monte au front ; coulées de pluie, poussières déposées par la pollution, la soupe gluante se cramponne aux carreaux avec la force du désespoir des déshérités.
C’est à cette époque que l’envie de faire ce que je n’aime pas faire d’habitude me prend. J’ai donc ressorti ma bassine, mon éponge, ma raclette et mon chiffon et j’ai attaqué mon ouvrage, peut-être pas le cœur léger mais avec entrain néanmoins. Schlafff ! faisait l’éponge, Ziiiiii ! répondait la raclette, han ! han ! m’époumonais-je au bout d’un moment.
Si les baies vitrées impressionnent par leur surface vitrée, les nettoyer est un jeu d’enfant. Par contre les fenêtres, quand elles sont coulissantes et qu’on habite au dernier étage de l’immeuble, c’est une autre affaire. J’ai certainement les bras courts, je suis aussi sujet au vertige, des handicaps quand on veut faire laveur de carreaux chez moi. En équilibre sur mon tabouret, le bras tendu et les yeux fermés pour ne pas voir le vide sous moi, il est assez difficile d’obtenir un résultat parfait. J’ai donc depuis longtemps laissé le parfait aux acrobates, je me contente d’un à peu près correct, sachant très bien – maigre consolation- que la prochaine ondée qui ne saurait tarder, remettra les choses en l’état.