Les gros sabots, les grosses godasses. On a beau faire, tenter d'être plus léger, toujours sous les pieds ça s'enfonce, toujours derrière soi c'est creusé, ravagé, ça fait des nids de poules, des flaques aussi pour l'eau des larmes, des contenants boueux et à la forme incertaine. Pourtant, il faudrait, trouver un pas fait seulement pour arpenter. Sauterait les haies, et irait loin. Au lieu de quoi ce geste fait pour décoller, ça ne fait qu'en avoir encore plus plein les bottes, de cette terre où l'on voudrait bien éviter de se faire enfouir trop vite. Ecrire, il y a quand même ce désir, rejoindre la vie. Mais voilà : gros sabots, grosses godasses, c'est pas devant qu'on regarde, pas tant que ça devant, tout occupé qu'on est à constater les traces, les saccages. On se surprend à penser, comme ce serait finalement beaucoup plus facile d'écrire posthume. Une fois tout le monde mort, et le sol bien sec et bien solide. Les gros sabots, les grosses godasses, elles pourraient y aller tranquille.
Et justement posthume, qu'est-ce quon voit? On voit que l'éléphant marchait sur la pointe des pieds, juché silencieusement sur ses orteils, et qu'il faisait tous ses efforts.
Published by cécile portier