Un point, c’est tout. n°11, 12/04/2015

Publié le 12 avril 2015 par Legraoully @LeGraoullyOff

Point de croix gammée : Exceptionnellement, cette semaine, je ne dénigrerai pas le Front National. Pourquoi ? Parce que j’estime que le FN s’en est déjà très bien chargé lui-même cette semaine ! Cela dit, voir ce parti se déchirer n’est pas fait pour m’étonner : le « marinisme » a attiré beaucoup de gens qui n’avaient de commun que leur état de mécontentement mais n’en étaient pas moins incompatibles entre eux, à tel point de faire du « rassemblement bleu marine » un bric-à-brac de gens fâchés dépourvu de toute cohérence, à l’image du boulangisme qui avait fait trembler la IIIe République et qui s’est terminé par le suicide du général Boulanger (originaire de Bretagne, comme les Le Pen, et je n’en suis guère fier) sur la tombe de sa maîtresse… Il va sans dire que je souhaite une fin similaire à tous les membres de la famille qui dirige le FN !

Point de non-retour ? : Ça ne peut pas rater : comme à chaque fois que le Parti Socialiste aborde un congrès dans la division, on va annoncer la mort du parti… On nous l’avait déjà annoncée en 1974, 1978, 1983, 1986, 1993, 1995, 2002, 2005, 2007, 2009… Bref, la mort du PS, c’est comme la fin du monde : on nous l’a annoncée si souvent qu’on n’y croit plus. Il faut croire que ce parti est plus fort qu’on ne le pense et que, tel le Phénix, s’il donne l’illusion de mourir si souvent, ce n’est que pour mieux renaître de ses cendres à chaque fois. De plus, je vais faire ouvrir des yeux ronds à plus d’un, mais je ne pense pas que Hollande soit foutu : ce n’est pas le benêt qu’on imagine, sous des dehors inoffensifs, c’est un individu habile, sournois, manipulateur et machiavélique ; en clair, contrairement à Sarkozy, il n’a pas la tête de ce qu’il est et n’éveille pas la méfiance de ses adversaires qu’il peut donc laminer sans qu’ils s’y attendent. De surcroît, et c’est son second avantage sur Sarkozy, il est patient : il sait que les circonstances peuvent finir par jouer en sa faveur sans même qu’il leur fasse violence. En somme, je ne m’inquiète pas trop pour l’avenir du PS : et pourtant, dieu si l’éclatement de ce parti ferait bien de la gauche française qui a cruellement besoin de renouvellement…

Point explosif : J’ai un point commun avec les armes que les avions Dassault larguent sur les civils : j’explose ! Oui, j’explose d’entendre mes compatriotes chanter en chœur « hourra, hourra, on a vendu des Rafale aux Indiens » ! On a tellement peur du chômage qu’on est prêt à accepter n’importe quelle saloperie du moment que ça « crée de l’emploi » ! Comme si c’était une formidable victoire d’avoir livré des machines à tuer à un pays qui ne manquera pas de s’en servir contre le Pakistan ! Tiens, les bonnes âmes qui reprochaient à Charlie de « jeter de l’huile sur le feu », elles ne trouvent pas que ça risque d’attiser le sentiment anti-français dans les pays musulmans ? Donner aux Indiens les moyens de massacrer des musulmans, je m’excuse, c’est une provocation mille fois plus grave que de dessiner Mahomet ! Cela dit, ça n’a rien d’étonnant venant d’une boîte qui possède aussi le quotidien qui pourrait presque battre Minute au concours du plus islamophobe, à savoir Le Figaro qui ne rate jamais une occasion de stigmatiser les musulmans de France ! Tiens, Le Figaro, non plus, on ne lui reproche jamais de « jeter de l’huile sur le feu » ! Mais bien sûr, suis-je bête : d’un côté, un journal soutenu par une multinationale dans lequel écrivent de bons bourgeois encravatés et propres sur eux tenu, de l’autre, un canard indépendant composé par des artistes hirsutes et débraillés ; à votre avis, lequel des deux le Français moyen, avec le courage et la clairvoyance qui lui sont habituels, va-t-il oser critiquer ?

Point éloigné : Puisqu’on en parle : le 11 janvier, dans les rues de France, trois millions de personnes pour Charlie Hebdo. Aujourd’hui, dans les mêmes rues de France, combien pour les Tunisiens et pour les chrétiens du Kenya, eux aussi pourtant victimes innocentes du terrorisme islamiste ? Quand des pays éloignés de la France sont solidaires des attaques dont nous sommes l’objet, on trouve que ça coule de source : et ça ne coulerait pas de source que nous soyons solidaires de la Tunisie et du Kenya ? Tant que ce sont des Arabes et des Noirs qui prennent, on s’en fiche, c’est ça ? On part du principe que ces pays sont de toute façon irrémédiablement voués à la barbarie et à la misère ? Quelle arrogance… Et surtout quel égoïsme… Mais quoi d’étonnant dans un pays où on entend geindre au quotidien des chômeurs qui consomment, rien que pour laver leur voiture, toute l’eau dont aurait besoin une famille subsaharienne pour vivre ? Si on se regardait un peut moins le nombril, on perdrait moins de temps à se plaindre pour un oui ou pour un non et on serait peut-être un peu plus solidaire de nos frères d’Afrique et d’Asie ; je vous invite à écouter l’une des dernières chansons de Renaud, « Ponichéry »…

Point positif : Pour finir sur une touche optimiste : votre serviteur, comme prévu, a participé à la huitième édition de « Peinture en fête » à Locmaria-Plouzané (Finistère) ; je tire un bilan positif de cette manifestation sympathique, bon enfant et TRÈS BIEN ORGANISÉE – j’insiste volontairement là-dessus pour montrer que mes compatriotes ne sont pas des rustres, n’en déplaise pas à tous ces bons messieurs de l’IFREMER qui, à l’idée de devoir de quitter Paris pour Brest, ont demandé s’il y avait l’eau courante et l’électricité en Bretagne (authentique !). Voilà une bonne chose de faite, je vous donne maintenant rendez-vous le samedi 18 à l’Alizé (Guipavas) pour la première représentation dans une grande salle du spectacle musical « Putain de Renaud »  – comment ça, « encore lui » ? Un point, c’est tout.

ShareShare on Tumblr