L’irremplaçable Mama de Marcus dans « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert ». Un livre formidable.
Extrait:
– Pour l’amour du ciel, où te trouves tu ?
– A Concord, au Regent’s. Suite 208.
(…)
– Pourquoi une suite (…) ? As-tu une petite amie ? Vas-tu te marier ?
Elle avait alors appelé mon père, je l’avais entendue crier : « Nelson, viens écouter le téléphone ! Markie va se marier ! »
– Maman, je ne vais pas me marier. Je suis tout seul dans ma suite.
Gahalowood, qui était dans ma chambre où il venait de se faire servir un copieux petit-déjeuner, n’avait rien trouvé de mieux à faire que de s’écrier : « Hé, moi, je suis là »
– Qui est-ce ? avait aussitôt demandé ma mère.
– Personne.
– Ne dis pas personne ! J’ai entendu une voix d’homme. Marcus, je vais te poser une question médicale extrêmement importante, et il faudra que tu sois honnête avec celle qui t’a porté dans son ventre pendant neuf mois : y a-t-il un homme homosexuel secrètement caché dans ta chambre ?
– Non, Maman. Il y a le sergent Gahalowood qui est policier. Il enquête avec moi et il se charge également de faire exploser ma note de service d’étage.
– Est-il nu ?
– Quoi ? Mais bien sûr que non ! C’est un policier, Maman ! Nous travaillons ensemble.
– Un policier… Tu sais, je ne suis pas née de la dernière pluie : il y a cette chose musicale, des hommes qui chantent ensemble, il y a un motard tout en noir, un plombier, un indien et un policier…
– Maman, lui c’est un véritable officier de police.
– Markie, au nom de nos ancêtres qui ont fui les pogroms et si tu aimes ta gentille Maman, chasse cet homme nu de ta chambre.
– Je ne vais chasser personne, Maman.
– Oh, Markie, pourquoi me téléphones-tu si c’est pour me faire de la peine ?
– C’est toi qui m’appelles, Maman.
– C’est parce que ton père et moi nous avons peur de ce criminel fou qui te poursuit.
– Personne ne me poursuit. La presse exagère.
– Je regarde tous les matins et tous les soirs dans la boîte aux lettres.
– Pourquoi ?
– Pourquoi ? Pourquoi ? Il me demande pourquoi ? Mais à cause d’une bombe !
– Je ne pense pas que quelqu’un va mettre une bombe chez vous, maman.
– Nous mourrons d’une bombe ! Et sans jamais avoir connu la joie d’être grands-parents. Voilà, es-tu content de toi ? Figure-toi que l’autre jour, ton père a été suivi par une grosse voiture noire jusque devant la maison. Papa s’est précipité à l’intérieur et la voiture est allée se garer dans la rue, juste à côté…
– Avez-vous appelé la police ?
– Deux voitures sont arrivées sirènes hurlantes.
– Et ?
– C’était les voisins. Ces diables ont acheté une nouvelle voiture ! Sans même nous prévenir. Une nouvelle voiture, tsss ! Alors que tout le monde dit qu’il va y avoir une immense crise économique, eux, ils achètent une nouvelle voiture ! C’est pas suspect, ça ? Je pense que le mari trempe dans le trafic de drogue ou quelque chose comme ça.
– Maman, qu’est-ce que tu racontes comme idioties ?
– Je sais ce que je dis ! Et ne parle pas comme ça à ta pauvre mère qui risque de mourir d’une minute à l’autre d’un attentat à la bombe !