Une discorde au bout du fil

Publié le 13 avril 2015 par Kentin Spark @KentinSpark
© Julien Ribot

" Chérie ? Tu es là ?

- Oui ! Je suis occupé sur l'article pour l'atelier d'écriture.

- J'ai besoin de toi pour essuyer le fil à linge.

- Oui, ma chérie ! je le ferai dans un moment car avec le problème internet de ces jours-ci, je n'ai pas pu participer lundi dernier.

- Chaque semaine, c'est pareil ! J'en ai marre que tu passes ton temps à pianoter les touches de ton clavier. Je préférerais que tu touches plus aux tâches ménagères.

- Qu'est-ce t'as encore à ronchonner ? Je fais ma pars dans la maison, moi, que je sache !

- Ah oui tu fais ta part ? Alors tu iras étendre toi-même le linge.

- Mais Mamour, ne t'énerve pas ainsi ! C'est mauvais pour ton diabète.

- Arrête de te foutre de moi ! Entre tes romans, tes nouvelles, tes textes à deux balles, les trois quarts de ton temps tu le passes une plume à la main. Pour ne pas dire un poil !

- N'exagère pas non plus !

- Dès que je te demande quelque chose, tu as toujours une excuse à écrire.

- Tu m'appelles à chaque fois que je suis occupé, aussi ! Je n'y peux rien tout de même !

- Bon ! On ne va pas y passer la journée ! Tu vas enlever la rosée du matin.

- Oui, ma chérie ! Je fais ça dans deux minutes.

- Je n'ai pas de temps à perdre, moi !

- Bon ça va, j'y vais ! Tu ne devrais pas étendre les torchons et les serviettes sur le même fil.

- Qu'est-ce que tu dis ?
- Rien, je pense tout haut ! "

Me voilà, torchon à la main au pied de cette discorde. J'essuie le fil et les épingles bleues, ainsi que les noires. Je vais même lui montrer que je ne suis pas que dans les lignes de ma pensée. Je vais les ranger par couleurs sur le fil, comme un compteur de points sur un baby-foot. Je laisserai une bleu au centre pour lui dire qu'elle a marqué un point. J'ai choisi les noires pour mon humour.

" Voilà, tu peux y aller ! J'ai fini d'essuyer.

- Pas trop tôt !

- Un merci ne changerait rien, mais ferait plaisir.

- Qu'est-ce que tu dis ?

- Je dis que je retourne sur mon texte. Si tu as besoin, tu sais où me trouver.

- Pas besoin de me le dire, je sais où te trouver car tu sèmes les lettres comme le petit poucet.

- Tu as de l'humour en ce dimanche matin.

- Voilà un scénario bien ficelé pour lundi !

- Oui ! Merci mon amour, tu es mon inspiration. "

Voilà ! Elle a pris sa corbeille de linge et elle est partie avec le sourire. Comme quoi, un petit compliment, une petite attention, un petit rien lui rend le sourire.

Merci à Leiloona pour son atelier d'écriture.