L.A. la trouble Ce que j'aime chez Michael Connelly, ce n'est pas tant son sens de l'intrigue - qu'il a aiguisé, soit dit en passant - que sa manière de représenter Los Angeles comme une ville sale et dangereuse, dont la noirceur des bas fond n'a d'égale que le faste de Hollywood. Sous la plume de Connelly, Los Angeles me fait penser à Saint-Pétersbourg sous celle de Gogol : une ville ténébreuse, habitée par le mal et qui aspire inévitablement l'être humain vers ce qu'elle a de plus mauvais.
Pour en revenir à Harry Bosch, j'ai été agréablement surprise par le fait que, dès sa première apparition, Michael Connelly lui construit une personnalité complexe aux racines profondes, une personnalité qu'il développe un peu plus à chaque roman depuis plus de vingt ans. Dans un avant-propos très intéressant, l'auteur explique d'où vient son personnage, né d'inspirations aussi éclectiques que le peintre Jérôme Bosch, la guerre du Vietnam ou encore le roman Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee. Plus qu'un simple flic accro à son idée de la justice, Harry Bosch est un personnage romanesque entier et humain, fait de multiples strates qui le rendent plus intéressant que la plupart des personnages de polar. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'aime.
Enfin, côté intrigue, Les égouts de Los Angeles n'a rien à envier aux grands polars. Pour un premier roman publié, Michael Connelly livre un scénario complexe aux imbrications multiples, à l'image des tunnels de la guerre du Vietnam et des égouts de Los Angeles qui y jouent un rôle à part entière. Le suspense et le rythme sont bien présents, dommage que certains éléments de l'intrigue se laissent deviner trop tôt.
Que vous soyez habitué aux polars ou non, vous avez tout intérêt à vous aventurer du côté d'Harry Bosch, que vous risquez vous aussi d'apprécier.
Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly, traduit par Jean Esch, Le Livre de Poche, rééd. 2014, 568 pages