Peu importe le lieu, peu importe l'horaire. Ils parlaient assez fort pour que je puisse entendre, assez pour que je vienne vous en parler. Vingt ou vingt-cinq ans peu importe.
Lui - " Tu sais j'aimerais qu'on puisse vivre à Berlin c'est vraiment bien, les choses se passent là-bas "
Elle - " Ouais ça serait super, il va falloir qu'on trouve du boulot, on n'aura pas besoin de beaucoup de choses, l'important c'est d'être ensemble... "
Lui - " Au pire je bosserai six mois et après c'est toi, on va bien trouver un équilibre... "
Elle - " Tu m'aimeras toujours ? "
Lui - " bah bien sûr. "
Je pourrais construire cette note avec les failles, les désillusions, la complexité de la vie et la perte des rêves. Mettre en avant que tout est éphémère, que rien ne reste, que le temps détruit tout. Il me serait si facile de faire trébucher les amoureux de cette photo avec cette instantané, si simple de me foutre de leur jeunesse qui me nargue années après années. D'un claquement de doigt me dresser à la frontière de leur rêve pour calmer le jeu et remettre la réalité de la vie à sa place, esquisser un léger sourire et ne rien dire.
C'est tellement simple de mettre en avant la réalité de la vie pour tout briser. Le temps détruit tout. Encore.
Pourtant en plus de six ans à écrire ici je n'ai cessé de parler des rêves, de cette quête absolu de l'enfance ou l'imaginaire reste la seule détermination. Perdre ses rêves est une chose mais il faut construire les autres, c'est l'étape la plus exaltante. Je vais donc laisser filer les amoureux au bout de ce couloir en souhaitant le meilleur, et même si y'a des gamelles et des genoux troués, y'aura au moins le mérite un jour d'avoir rêvé tellement fort que rien n'est impossible.