Inauguration du Musée des Confluences : Ni Président, ni Ministre de la Culture , ni grands médias : Pourquoi ces absences ?

Publié le 19 décembre 2014 par Pierre Thivolet @pierrethivolet



Hollande est allé faire une visite surprise à Chambord. Fleur Pellerin est très occupée, au Mont-Saint-Michel, non finalement aux dernières nouvelles à un rendez-vous très important avec le Président d’une Fédération mutualiste… Résultat : Le dernier très grand musée construit en France semble avoir été boudé par les plus hautes autorités. Son inauguration se déroule entre lyonnais ! Non qu’une visite présidentielle ait été une garantie de succès de fréquentation, mais quand même: Hollande a inauguré le Mucem à Marseille, le Musée Soulages à Rodez. Et tout récemment, la fondation (privée) Vuitton à Paris, sans parler de la ré-inauguration du Musée de l’immigration. Or ce Musée des Confluences est le plus gros investissement muséal de ces dix (vingt ?) dernières années. Il est gigantesque à l’entrée de Lyon par le sud, au confluent du Rhône et de la Saône. Que l’on aime ou pas son architecture, ce sera un des marqueurs de Lyon. Un peu comme Fourvière ou l’Opéra-Nouvel.Alors pourquoi ce dédain ? Peut-être en raison de son aspect extérieur ? Il est vrai qu’on est, comment trouver un terme diplomatique… « surpris » par l’architecture de ce mastodonte: Starwar ? Scorpion ou cancrelat d’acier ? Il paraît que les architectes – autrichiens- le définissent comme un cristal, un nuage et un ciel. Oui, mais alors plombé, le nuage! Personnellement, je n’aime pas trop, mais bon, les goûts et les couleurs…Mais à l’intérieur on est stupéfait: Ces espaces vitrés, généreux, d’ailleurs gratuits d’accès, qui vous happent vers le ciel et les terrasses avec des vues à couper le souffle sur Lyon: Ca vaut le détour.Il y aussi le fait que ce Musée n’est pas simple à résumer en quelques mots: Le musée Soulages, c’est l’œuvre de Soulages. Le MUCEM, les civilisations de la Méditerranée, le Louvre Lens, le Louvre etc. Ici, le projet muséal, comme on dit, est tellement riche, qu’il donne l’impression d’être une boîte fourre-tout.Qui va des origines du monde, de l’homme dans l’univers, dans son environnement, de la création et de l’évolution, des sciences et techniques, des rapports à la mort depuis l’Egypte ancienne en passant par les Arts premiers, un mix entre le Muséum d’Histoire Naturelle et la grande galerie de l’évolution, du Musée du quai Branly, du Musée Guimet, de la Villette. Et c’est pas fini ! Mais justement là aussi c’est très réussi et superbement présenté : Petits ou grands, personne ne s’embête une seconde, ce Musée est tout sauf une prise de tête.Il y a aussi le coût astronomique, Plus de 320 millions d’euros. En grande partie d’abord parce que Raymond Barre a voulu qu’il soit construit à cet endroit, symbolique, là où le Rhône rejoint la Saône. Mais problème : Pas besoin d’être géologue pour se douter que le sol y est aussi stable que la lagune de Venise et que ancrer un tel bâtiment a nécessité des fondations extravagantes ! On ne parle plus de dépassement de budget : Le budget initial a été multiplié par 4 ! et Confluences a coûté plus cher que le Mucem, le Muséedu Quai Branly… deux fois plus cher que le Guggenheim Bilbao et 5 à 6 fois plus que le Pompidou-Metz… Bien sûr, la direction du Musée souligne qu’il y aussi dans les parties non visiblesdu public sous le Musée, l’installation d’équipements de restauration et de conservation des œuvres d’art qui en font un des outils les plus performants qui existent. Mais, au moment où nous sommes en pleine crise, où l’heure est à la réduction des budgets, tout azimut et notamment dans le domaine de la Culture, un bâtiment de ce prix, ça fait tâche.Mais après tout, ce qui est fait est fait. S’il devient un élément supplémentaire d’attractivité pour Lyon, sa région, pour la France, alors ce cadeau encombrant devient un atout, qu'il aurait été possible d'assumer; Avec un peu de courage politique.Sur le plan politique justement, Confluences est une « patate chaude ». Construit pas le Conseil général du Rhône, de droite, mais « donné » dans quelques jours à la Ville de Lyon, c’est-à-dire à Gérard Collomb, socialiste certes, mais pas hollandiste. Là aussi le gouvernement rate une occasion: Car dans quelques jours, va naître ici la première métropole française. Lyon devient Lyon-métropole, deuxième agglomération de France, regroupant une grande partie des communes du département du Rhône, dont elle récupère les charges et les prérogatives. Inaugurer « Confluences », c’était donc marquer le coup d’envoi de ce qui va être la vraie réforme territoriale, non pas le regroupement des régions, mais bien le réaménagement de notre espace autour des grandes métropoles. Dommage donc, que nos dirigeants aient été si occupés aujourd'hui, ailleurs qu’à Lyon. Ouh ! Ouh ! Il y a quelqu’un à l’Elysée ou à Matignon ? Nous vivons une e-poque formidable