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Pia Tafdrup | Pouls imaginaire

Publié le 17 avril 2015 par Angèle Paoli


e triangle des cris d'oiseaux,

un portail ouvert.
Entrer nu
dans le monde, le quitter
nu.
Le corps de mon père est parti,

incinéré et éloigné
de la surface de la terre.
Un pouls gravé dans des pierres et
des routes

qui avancent en se ramifiant.
Nous ne partageons pas
la mort ―
mais mon père est dans mes pensées

comme toujours,
il continue à recevoir des factures et des lettres.
Les meubles sont là où ils ont toujours été,
les objets
sont toujours " les siens " :
les vêtements (encore imprégnés de son parfum),
les chaussures (avec les contours de ses doigts de pied),
les boutons de manchette, la montre,
les livres, le coupe-papier, les lunettes,
l'étui avec la rose, l'étui avec la rose.
Quand on ouvre les tiroirs du bureau

ils sont remplis
de lumière perdue.
Le monde reste là,

même après
le départ de mon père.
Écriture de cendres. Journées de cendres. Floraisons de cendres.
Résonance claire.
Le monde existe.

Pia Tafdrup, Les Chevaux de Tarkovski, Éditions Unes, 2015, pp. 92-93. Traduit du danois par Janine et Karl Poulsen.


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