La police italienne a arrêté jeudi quinze migrants africains soupçonnés d’avoir jeté à la mer une douzaine de leurs compagnons d’infortune de confession chrétienne.
Par ailleurs, une quarantaine d’autres clandestins seraient morts noyés après le naufrage de leur bateau pendant la traversée de la Méditerranée. Des centaines de migrants rescapés sont arrivés ces derniers jours à Reggio Calabria, en Italie, la plupart venant d’Afrique subsaharienne.
Selon les témoignages de neuf rescapés de religion chrétienne, cités par les médias italiens, 105 migrants dont une majorité de Sénégalais et d’Ivoiriens musulmans ont quitté les côtes libyennes le 14 avril entassés dans un canot pneumatique. Durant la traversée, une rixe se serait produite entre musulmans et chrétiens.
Des Nigérians, des Ghanéens et des Maliens auraient été plusieurs fois menacés d’être jetés à la mer en raison « de leur religion chrétienne ». « L’origine de leur conflit est liée à la religion », a précisé la police.
Puis, en pleine nuit, quinze musulmans seraient passés à l’acte en jetant douze chrétiens au milieu des vagues, dans les eaux internationales. Les autres migrants chrétiens n’auraient pu échapper à la noyade qu’en formant une véritable chaîne humaine.
L’embarcation, qui était en difficulté au large de la Sicile, a été secourue par la marine militaire italienne et dès que les passagers sont arrivés à Palerme, les chrétiens survivants ont été entendus par le parquet de Palerme. Les quinze meurtriers présumés ont été arrêtés et incarcérés.
Parmi eux, un mineur de 17 ans. Ils devront répondre d’homicides multiples. La police de Palerme a fait savoir que les suspects étaient de nationalité ivoirienne, malienne et sénégalaise. Les neuf témoins eux ont été admis dans un programme de protection spéciale, identique à celui réservé aux témoins de délits mafieux.
Des mineurs, des femmes enceintes
Parmi les plus de 5000 migrants débarqués entre samedi et lundi, tous partis des côtes libyennes, la majorité est originaire d’Afrique subsaharienne. Il y aurait une majorité d’Erythréens, de Somaliens, mais aussi des Maliens. Des femmes avec des enfants en bas âge, ainsi que de jeunes garçons, probablement des mineurs seuls, étaient à bord des embarcations qui ont fini par atteindre les côtes italiennes.
L’organisation Save the Children a recensé environ 450 mineurs, dont 317 non accompagnés. Elle rapporte aussi le récit de plusieurs d’entre eux qui racontent être restés séquestrés et battus pendant quatre mois dans des conditions épouvantables à Tripoli, le temps que les passeurs soutirent autant d’argent que possible à leurs proches.
Les rescapés continuent de débarquer en divers points des côtes italiennes et notamment en Sicile. Le quotidien La Reppublica raconte que sur l’une des embarcations qui a atteint le port de Palerme, il y avait 102 Somaliens, essentiellement des hommes, mais aussi quatre femmes enceintes. Un deuxième bateau a rapatrié 95 migrants venant de Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali, et du Nigeria.
L’autre région de provenance est le Moyen-Orient, en particulier la Syrie et l’Irak.
Toutes ces personnes s’efforcent de gagner l’Europe à la faveur du chaos qui règne en Libye. Près de 1000 migrants ont péri noyés depuis le début de l’année.
(RFI)