Les mamies flingueuses

Publié le 19 avril 2015 par Gipsy @GipsyPaladini

A toutes les femmes qui s’imaginent qu’après la cinquantaine on les fichera enfin en paix. 

Reconnaissons-le, la vie de femme n’est pas de tout repos. Outre le travail rémunéré – sauf pour quelques privilégiées- qui nous permet de remplir la panse de nos oisillons affamés et faire tourner la maisonnée, les responsabilités que notre rôle de mère -pour certaines- requiert, et celui d’épouse et petite amie à assumer, une autre tâche et non des moindres nous revient, celui de conserver coûte que coûte sa présentabilité (oui, j’invente des mots parfois). Bien sûr certains hommes s’imaginent qu’aucun effort n’est à effectuer de côté-là puisque la nature est censée nous avoir pourvues d’un pouvoir de séduction inné. Sans pour autant avoir besoin d’être obsédé et à plus ou moins différents degrés, la société attend de nous, que dis-je ? EXIGE de nous une attention toute particulière à l’égard de notre personne.

A nous donc la traque sans merci des rides,  du cheveu blanc, de la fesse molle, le maquillage pour corriger les imperfections, les douleurs stomacales à la vue horrifique de la part de gâteau dont ne peut pas se resservir, non et non !, les crampes au mollet dans le métro parce qu’aucune âme charitable n’est fichue de nous laisser une place alors que depuis 7h du matin on trottine sur des talons de 10 centimètres, l’affût constant des comportements, style et langage des jeunettes, pour essayer de ne pas avoir l’air ringarde auprès de notre famille adorée (les magazines ne nous rendent d’ailleurs pas la vie facile)… sans compter sur le travail psychique constant face à la déception des parfois, piètres, résultats  récoltés.

Donc épuisée par l’énergie que tout ceci requiert, on lorgne sur la fin de la cinquantaine en se disant qu’ après toutes ces années d’acharnement on a prouvé à notre cher et tendre qu’on l’aimait, on a terminé l’éducation de nos enfants et on a fait tout ce qu’on pouvait pour régaler le plus longtemps possible de notre fière allure les yeux intransigeants de la société, qu’on pourra donc enfin lâcher du lest et laisser la nature reprendre les rênes. C’est d’ailleurs à peu près l’âge qu’avaient nos grand-mères quand on allait leur rendre visite les week-ends et qu’on les trouvait sur le sofa à mater Derrick en attendant la livraison du traiteur pendant que notre grand-père ronflait dans la pièce à côté.

Mais c’est sans compter sur l’esprit pervers de notre fichue société. C’est qu’il n’y a pas que la technologie qui évolue, la médecine aussi, et nos conditions de vie. On repousse bien l’âge de la retraite, n’est-ce pas ? Vous ne pensiez pas, chères femmes, que vous alliez pouvoir baisser les épaules, vous vautrer dans la désinvolture, les panards en éventail, alors que le monde continue à fonctionner, non mais quelles égoïstes vous faites ! Alors hop, on redresse la poitrine, on se tire la peau et on repart turbiner.

Alors pour cette tâche de séductrice perpétuelle, on ne nous lâche pas dans la nature, on nous donne des modèles, quand même, la société a un cœur, et quoi de mieux que la fiction pour véhiculer les nouvelles données ? C’est qu’un personnage, c’est quand même plus facile à manipuler. Donc comme à une époque, certaines se reconnaissaient dans Madame Bovary, on est censées à présenter se refléter dans les comportements de ces mamies modernes qui n’ont d’ailleurs des mamies d’antan que l’âge ou la progéniture deuxième génération.

Voici donc nos rôles modèles pour la nouvelle tâche qui nous attend, ces femmes d’âge mur qui volent carrément la vedette aux midinettes en âge d’être leur petite fille.

6 grandes séductrices cinquantenaires, sexagénaires et plus  de la télé qui placent la barre haute.

En premier, la duchesse, Jessica Lange, 65 ans. Dans les 4 saisons d’American Horror Story, la séductrice, c’est elle. Sexy, langoureuse, aguicheuse, moulée dans des robe sexy moulantes qui cachent à peine ses porte-jarretelles, accrochée désespérément à son passé comme une star déchue et prête à tout, même à égorger les jeunettes qui s’imposent sur son chemin et lui cachent les dernières étoiles qui s’efforcent de continuer à la faire briller. Une femme fatale jusqu’au bout des ongles.

Katey Sagal, 61 ans, Gemma de Sons of Anarchy, la matronne castagneuse.  Jeans, blouson en cuir, mèche blonde et regard d’acier, elle n’hésite pas  à jouer des poings (même sur sa belle-fille enceinte) et du flingue envers quiconque menace sa famille et s’approche de trop près de son fils adoré, ce qui d’ailleurs incite ce dernier à mettre en garde une jeune fille attirée par les pectoraux du beau : « tu veux pas faire tanguer ce navire-là, crois-moi’. Elle aussi a une libido assez astiquée, et pour parer à ses problèmes de ménopause non assumée, elle se lance dans des orgies bisexuelles, et se retrouve même à démonter une gamine à coup de skateboard parce qu’elle a osé se taper son mec préféré. Non mais.

Jane Fonda, 77 ans, dans This is where I leave you. La belle est la preuve vivante que la chirurgie esthétique PEUT fonctionner. Parfaite des orteils au bout du nez. Dans le film, elle se balade en peignoir de soie élégant qu’elle rechigne à fermer au grand dam de son fils qui n’apprécie pas la vision constante de ses seins siliconés –« oh mais c’est qu’ils sont confortables », reconnaît-il tout de même lorsqu’elle lui pose la tête sur ceux-ci pour le consoler. Au milieu des vies déçues et déchues de ses enfants réunis pour la mort de leur père, c’est elle la plus harmonieuse. Une vie passée trépidante, elle parle de sexe comme d’autres parleraient de recettes et roule même une pelle magistrale à sa voisine de palier. Dure à suivre, la mémé.

Helen Mirren,  69 ans. On ne la présente plus. Sexy à la vie comme à l’écran. Dans « RED », elle joue le rôle d’un ancien agent secret rappelée malgré elle à ses devoirs, qui planque une arme dans ses bas et manipule la mitraillette comme d’autres le fouet à appareil.

Puis, dans une catégorie un chouia plus jeune, mais dans la même lignée, on a Madeleine Stowe, 56 ans. La mère ultra protectrice et manipulatrice de Revenge, toujours abominablement moulée dans ses robes colorées. Cheveux parfaitement arrangés, un corps svelte à tomber, talons hauts à longueur de journée, une statue animée dont l’ombre  titanesque fond sur les –soudain- fades prétendantes de son fils adulé.

Et finalement, Famke Janssen, la cadette, 51 ans –oui, oui, c’est bien la James Bond girl qui étouffait ses victimes entre ses cuisses (c’est que la société se donne les moyens). Dans Hemlock Grove, elle joue le rôle d’une mère là aussi ultra protectrice envers son fils, si proche d’ailleurs qu’on les sent à deux doigts de… oui, bon, c’est qu’avec son regard de braise, ses joues enflammées, son comportement quelque peu névrosée et sa silhouette à se damner, qui diable pourrait lui résister ?

Donc, mesdames, si vous voulez être dans les normes dans notre société, à partir de la cinquantaine, il faut être un (sacré) brin couguar, avoir un compte en banque de préférence bien garni donc avoir eu un mariage bien arrangé (celle qui n’avaient pas prévu le coup risquent d’être embêtées, c’est que, eh, difficile d’avoir des mains aussi bien lissées après pas avoir passé sa vie à trimer), avoir des amants avec lesquels jongler –et donc des pulsions nympho-maniaques totalement assumées, être terriblement bien fichue … et être énormément désespérée… oui, oui, elles les sont toutes, je vous rassure (comme si à cet âge, pour leur défense, on ne pouvait pas être sexy, séductrice et tout à fait saine d’esprit… c’est à se demander si ce ne sont pas des hommes qui écrivent les séries, mmmh, mmmh… à méditer)

En clair, si vous pensiez qu’après la cinquantaine, vous pouviez enfin tirer un trait sur les lois éreintantes de la séduction, virer de vos tiroirs vos inutiles livres de régime, enfilez vos vieux chaussons héritées de votre grand-mère et que jamais vous n’avez osé porter, ignorer les racines blanches de vos cheveux négligés, vous vautrez devant la télé en vieux peignoir en  coton avec un paquet de chips entamé, mettre au placard vos robes trop étroites dans lesquelles vous vous entêtiez à rentrer, et enfin ENFIN vous laisser aller, que nenni, chères amies, après la cinquantaine, la bataille ne fait que commencer.