De retour de la Ville Rose

Publié le 22 avril 2015 par Corboland78

Quand on regarde rapidement le plan de Toulouse fourni par l’Office du Tourisme, ce qui saute aux yeux (aux miens en tout cas), c’est que la ville ressemble à une tête de canard tournée vers la gauche ! Celui dont on fait les confits certainement. La pointe du bec est à la jonction du canal du Midi et de celui de Brienne, tandis que l’œil serait la coupole du Palais des Sports. Maintenant, si on se contente d’un regard plus géographique qu’humoristique, Toulouse est cernée par « l'eau verte du canal du Midi »* et la Garonne.

N’ayant séjourné dans la Ville Rose que le temps d’un week-end, je n’ai pas la prétention d’en avoir tout vu, bien évidemment, et je n’en donnerai qu’un avis de touriste de passage. Point de chute obligatoire dès qu’on arrive, « voici le Capitole, j'y arrête mes pas ». La célèbre grande place toulousaine et rectangulaire est ornée d’une immense croix occitane entourée des signes du zodiaque. Le grand côté opposé au bâtiment de l’Hôtel de Ville, accueille les terrasses des restaurants et salons de thé, où l’on s’attable à l’ombre des parasols devant une boisson fraiche ou une énorme glace, tandis que le plafond de la Galerie des arcades, dans votre dos puisque logiquement vous êtes assis à mater les gonzesses qui déambulent sur la place, est décoré d’œuvres très colorées de Raymond Moretti illustrant l’histoire de la ville.

Quand j’étais jeune, les petits trains touristiques sur pneus me semblaient le comble de la ringardise, réservé à des petits vieux pas très costauds sur leurs jambes. Ayant transité d’une catégorie d’âge à l’autre, comme les choses sont étranges, je ne vois plus cela du même œil. Je trouve même un intérêt certain à ce mode de locomotion qui permet, dès qu’on arrive dans une ville inconnue, d’en avoir une vue d’ensemble rapide éclairée par les commentaires du guide. Libre à vous ensuite, d’aller explorer plus profondément, tel ou tel quartier.

J’ai visité rapidement ou admiré quelques monuments incontournables. L’église Notre-Dame du Taur, la Basilique Saint-Sernin telle « une fleur de corail », l’une des plus importantes basiliques romanes conservées en Europe, le couvent des Jacobins au gothique méridional, remarquable par ses voûtes intérieures nervurées et très hautes dont la plus renommée est appelée palmier, une colonne formant une étoile de onze clés de voûtes. Difficile de ne pas aller voir la Basilique Notre-Dame-de-la-Daurade – qui attire certainement les pêcheurs, mais ne doit son nom qu’à un terme signifiant, recouverte d’or – car on peut y admirer une Vierge noire vêtue d’une luxueuse robe (il en existe huit, utilisées selon les évènements liturgiques ou autres, crées par des couturiers célèbres comme Jean-Charles de Castelbajac). 

Mais une ville, se sont aussi ses rues et la déambulation piétonne pour mieux humer l’atmosphère locale. Ici les cyclistes, nombreux, m’ont paru moins respectueux du code que les parisiens, ce qui n’est pas peu dire, à moins que les piétons, entre ceux qui glandent sur place et ceux qui marchent le nez en l’air, ne soient responsables de ce gentil foutoir ?

Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les commerces de bouche extrêmement présents, trop peut-être, entre les kébabs innombrables, pizzérias, vendeurs de sandwiches-frites divers et bars à tapas au coude à coude, il y en a pour tous les goûts et petits budgets ce qui tombe bien car les étudiants y sont nombreux ainsi que les SDF et tendeurs de sébiles. Pas besoin d’être devin pour imaginer une vie nocturne intense. Heureusement, on peut aussi ailleurs, se sustenter d’un cassoulet, une étape obligatoire à Toulouse, y a pas d’pet !

De petites rues piétonnes et « je revois ton pavé, ô ma cité gasconne », des maisons au style architectural diversifié, cariatides en façade d’un bel hôtel particulier ici, balcons en fer forgé évoquant l’Espagne par-là, des volets bleus là-bas et de la terrasse des Galeries Lafayette, une belle vue sur les toits de tuiles et les murs de briques donnant cet aspect rosé à la ville. Sans oublier les plaques des rues en deux langues, français et occitan (Rue de Périgord/Carrièra de Peiregord). Langues chères à Claude Nougaro, le toujours vivant poète sous forme d’une statue derrière la place du Capitole ou en photo murale près du pont Saint-Pierre.

La Ville Rose sait aussi se faire verte. Les vélos mis à disposition par la mairie, des tramways, le métro tout neuf avec ses deux lignes A et B, dans le même esprit que la ligne parisienne n°14, entièrement automatique et ses énormes tickets jaunes, format carte de visite ou presque. Nombreux espaces verts dans les quartiers et surtout les bords du canal du Midi ou de la Garonne, aménagés pour la promenade ou le jogging. Et puisqu’il est question de Garonne, évoquons le Pont Neuf, ce vieux pont astucieusement conçu avec ses dégueuloirs, d’énormes trous dans les piles du pont qui laissent passer l’eau quand la crue accroit la pression sur l’édifice.   

Voilà ce qu’on peut voir à Toulouse en peu de temps et encore, j’ai oublié mille choses, la place Wilson et son square grouillant de monde, les rues commerçantes avec toutes les enseignes internationales, la boutique de marchandising du Stade Toulousain, les rues désertes du dimanche matin, les marchés bio ou genre puces, mais les heures tournent et le train en gare Matabiau ne m’attendra pas…

*Les phrases entre guillemets sont tirées de la chanson de Claude Nougaro "Toulouse"


Claude Nougaro - Toulouse par midu92