Paniques et Angoisses

Cette nuit, au moment de m’endormir, j’ai loupé la marche.
Réveillée par la panique physique que ça engendre, je surprends un groupe de croques mitaines organisant une rave party au milieu de mon cœur. Le son des sonos monte jusqu’à mon cerveau et celui-ci est d’un coup projeté à bord d’un Grand Huit dans une fête foraine hantée.

Le moindre son de mon appartement devient suspect, le moindre courant d’air passant sous la porte se transforme en rafale et les monstres de mon enfance se sont réunis pour m’observer de tous les coins d’ombre qu’offre ma chambre-salle à manger-salon.

Malgré mes angoisses, je ne me décide pas à allumer la lumière : Trop de risques de tomber nez à nez avec un fantôme égaré. Je me mets à ma fenêtre et allume machinalement une cigarette, comme si son foyer pouvait faire s’évaporer mes peurs.

Du haut de mon perchoir, je regarde passer les trains et les noctambules sans parvenir à calmer mon agitation. Je sens que tous les tiroirs de mon cerveau s’ouvrent. La rave party est finie et laisse place à une soirée cinéma au cœur de ma mémoire.

Je troque ma cigarette contre un verre de tequila déguisée en jus d’orange, regarde les ombres autour de moi. Je ne fais plus qu’un avec le décor, je me perds petit à petit dans le fin fond de ma tête.

Je navigue de nœud-rone en nœud-rone, les connexions filent trop vite, je trébuche sur mes idées, me cogne à mes regrets pour me rattraper de justesse à mes rêves. Je bégaye, redeviens enfant et me vois mourir. Des ailes ont poussé dans mon dos, je veux m’envoler et fuir cette pagaille interne, ce mélange de cola et de mentos cérébral. Je suis clouée au sol, je vois la chute arriver, au bord du ravin, je me retiens au fil du rasoir, il me lacère les mains.

Je lâche, c’est la chute…

…Puis plus rien.

Le retour à moi-même, je suis à la fenêtre, je transpire, dans mes mains : Une cigarette et un verre de tequila.