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L'école, c'est le travail, le salaire en moins - par Utopiste négatif

Publié le 14 avril 2015 par Marguerite Petrovna @chatmarguerite
L'école, c'est le travail, le salaire en moins - par Utopiste négatifL’école laïque a gardé dans ses valeurs fondamentales l’idée chrétienne de rédemption pour l’associer à une certaine idéologie capitaliste de réussite individuelle, de compétition acharnée, de concours égoïste. Ce ne sera qu’en souffrant, qu’en parsemant de gouttes de sueur ses lourds et usés cahiers, que l’élève réussira. Il devra passer ses jours de vacances à apprendre par cœur des commentaires de texte qu'il ne comprend pas, ses nuits à réviser les trois contrôles du lendemain. Et gare s'il lui prend l'envie de se plaindre. Il ne travaille chez lui que 6 heures par semaine ? Il devra passer plus de temps devant ses cours. Il travaille plus de 15 heures par semaine ? Il ne sait pas s'organiser, et il doit arrêter de compter, « ça prend plus de temps que faire le travail », dixit un professeur. Il deviendra égoïste gardant jalousement ses réponses pour lui, refusant que les improductifs, les fraudeurs, les passagers clandestins, les assistés, puissent une seule seconde profiter, voler son travail, sa souffrance. Les devoirs sont un travail PERSONNEL, que diable ! L'école, c'est le travail, le salaire en moins - par Utopiste négatifL’aboutissement formidable de cet individualisme masochiste est cette scène quasi-quotidienne d’une partie de la classe refusant de décaler un contrôle car « vous n’aviez qu’à apprendre ». Ils n’avaient qu’à travailler, les sots ! Ils n’avaient qu’à refuser de voir des amis, de jouer, de s’amuser, de rire et de chanter ! Ils n’avaient qu’à faire comme eux, se coucher une fois le Devoir accompli… mais pas trop quand même, il ne faudrait pas qu’ils deviennent de concurrents sérieux. L’élève veut que tout le monde travaille, mais que ceux qui gagnent restent rares. L'école, c'est le travail, le salaire en moins - par Utopiste négatifLe rôle de l'école ? Exterminer la paresse, sans se demander une seule seconde si celle-ci n'est pas plus bénéfique à l’individu et à la société que le travail. Et, le dos cassé par le poids de son sac de cours, le corps fatigué par « des soirées finissant à une heure du matin pour réviser les contrôles », pour citer un professeur, l’élève, devenu étudiant, enfin entré dans une grande école, admiré par toutes et par tous, pourra se retourner sur le champ de ruine de sa jeunesse, et voir le visage de son école, et la remercier de l’avoir forcé à « arrêter ses activités périscolaires », à « stopper ses loisirs », à « être plus productif », « plus rigoureux », « plus minutieux », « plus méthodique », « plus sérieux », plus sacrifié sur l’autel de la valeur travail. Et le monde sera bien. 

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