Ami lecteur, tu vis probablement dans un appart à la con.Je ne suggère pas que tu le mérites ; il est vraisemblable, par contre, que tu n’aies pas hérité de grand-chose et que tu végètes, comme tous les Franciliens, dans un épouvantable cagibi de deux-pièces d’où tu entends tes voisins chanter Julien Clerc en marmeladant leurs tartines. Avec un peu de chance, tout en déboursant 1100€ de loyer pour un 6e sans ascenseur, tu travailles quand même à l’autre bout du département et tu passes ta vie dans le métro avec des fous qui te frappent quand tu lis un roman (cf. Lire dans le métro, la provocation de trop). Alors, sincèrement, tu craques et je te comprends. Pour chasser ton cafard, tu es prêt à toutes les compromissions. Et c’est ainsi qu’un jour, tu achètes un magazine mindstyle pour fantasmer sur le séjour scandinave que tu n’auras jamais.Disons-le tout de suite : je n’avais pas la moindre idée, il y a trois jours, de ce que pouvait être un magazine mindstyle,et ne tenais pas plus que cela à le savoir ; interrogée à ce propos, j’aurais probablement répondu qu’un éditeur capable de produire un concept aussi fumeux et aussi pitoyablement anglo-saxon méritait la guillotine sans jugement. De toute façon, l’idée de feuilleter – en particulier en public – un magazine où il est question de bouffe et de mobilier m’aurait paru aussi guillerette qu’une longue promenade dominicale sur la plage de Boulogne-sur-Mer en plein cœur du mois de février.
Au fond, le simple a bien des attraits. La femme simple mange sain, dort peu, consomme utile. Elle a des loisirs pour le faire, apparemment, parce qu’il n’est pas mentionné qu’elle fasse ses courses toute seule ni qu’elle aille au bureau entre le pancake et les pivoines. D’ailleurs, le charme de la femme simple, c’est cette aspiration constante au triptyque des vraies valeurs féminines : cuisine, tricot, déco. On n’a jamais rien fait de mieux. Merci Simple Things !