Dans l'temps y'avait: d'un coté le péquenot cul terreux - bouseux rural et de l'autre, le mec de la ville - ouvrier, cadre, bourgeois, citadin - Simple non? Aujourd'hui y'a le rejeté de la ville - damné du progrès et y'a l'bobo qui y vit, gagnant de la mondialisation, adepte du bling-bling consensuel. Y'a d'un coté ceux qui habitent loin de ce qui se décide, survivent, galèrent et de l'autre, y'a ceux, centres villes, zones piétonnes, pistes cyclables, bus, métros et Vé lib, connectés aux nouvelles technologies qui imposent à l'énorme majorité silencieuse et invisible de français, leurs visions, leurs valeurs, leurs élus, avec en tête de gondole le Señor Hollande de Tulle, surnommé; François la tuile.
Apres ça me direz vous, pas étonnant qu'il y est une "fracture-habits sales".
Le géographe Christophe Guilly,
qu'est loin d'être né idiot, a fait un petit calcul: D'un coté la France qui s'en tire + que bien, soit 10% des 36.000 communes, concentrant 40% de la population, et de l'autre, 60 % des citoyens essaimés dans 90% des communes, très petites, avec moins de mille habitants, petites, moyennes, villes moyennes. Ce cher géographe assène fort justement: " en quelques décennies, la mondialisation à permis aux classes dominantes de se délester en douceur et sans contestation des catégories désormais inutiles du nouveau modèle économique"... En clair, le tissu social d'une ville comme Paris, où cohabitaient des classes aussi disparates que des ouvriers de Citroën et Renault, des petits commerçants, dans des quartiers populaires, des quartiers d'immigrants, et des quartiers bourgeois, et bien, tout cela a fondu comme neige au soleil, et il ne reste plus qu'une classe "bobo-bourge-semi-rentière-rentière"; De ceux qui ont entre 20 et 40 ans, des hauts revenus, pas d'enfant si possible; quant à la "plèbe" rejetée, inutilisable? D'abord en proche banlieue, puis de plus en plus loin, puis... Devenus des périurbains, vivants dans des lotissements au milieux d'ex-zones agricoles, ou encore plus, dans des zones rurales où toute vie a disparue: plus d'école, de poste, de commerce, de station essence, encore moins d'hôpitaux, et même plus de pole emploi. Il faut posséder deux voitures par famille et rouler des 50 km pour aller travailler, soit 250 euros par mois pour un salaire de smicard (mille euros net) et avoir la joie en rase campagne de se payer des embouteillages. Bien souvent le haut débit Internet est un mirage, les portables "ne passent pas", les routes sont défoncées, les bâtiments publiques tombent en ruine, et le front national sème sont grain et récolte son ivraie.
"Avant", les classes populaires vivaient là où se produisaient les richesses: Proches des grandes métropoles: zones de sidérurgie, zones de métallurgie, zones de productions de masse: électroménager, automobile, vêtement etc. C'est la première fois que ce n'est pas le cas; et pourquoi? Les centres villes des grandes métropoles sont hors de prix, les proches banlieues sont soit encore trop chers, ou bien, essentiellement habitées par une immigration récente, ou des ghettos fantasmés par des bobos trouillards et surtout ignorants; donc, un univers déserté par les catégories dites "moyennes". De plus, il n'y a plus dans ces zones à hautes valeurs ajoutées que deux pôles: des activités hautement qualifiées à fortes rémunérations, ou des emplois de services sous qualifiés payées aux minimums sociaux. Ceux qui seraient ou pensent être de la classe moyenne n'ont plus qu'à boucler armes et bagages et tenter l'aventure hors agglomérations tentaculaires, pôles d'intelligence économique.
Et c'est ainsi que le piège se referme! Installé dans un pavillon en bordure d'un village ou d'une petite ville, l'employé vit avec l'épée de Damoclès au dessus de sa destinée. L'usine, l'entrepôt, la société ferme; et voila c'est le grand plongeon. Il va falloir se déplacer pour s'inscrire comme demandeur d'emploi, dans une région sans emploi, de plus, pas question de déménagement, car le pavillon est invendable, ou sinon à grand perte, si en plus une des voitures tombe en panne... C'est le début de la fin, de la faim. Il en découlera des divorces, des enfants ballotés, et des dépressions nerveuses soignées à coups de médocs, car pas question de conduire 100 bornes pour aller consulter l'hôpital ou le spécialiste... Nous parlons ici de 60% de français, soit dans les 45 millions...
Dire qu'à une époque on a parlé de la ville à la campagne... En ce sens, d'avoir tous les avantages de fonctionnements de la ville loin des centres urbains. Ce qu'il s'est passé, c'est bien que toutes ces catégories populaires se sont retrouvées à la campagne... Mais une campagne Dévastée!
La classe moyenne me fait penser à ces lignes TER désaffectées car non rentables, alors que les grosses pépettes sont sur les lignes TGV... Oui, pour 45 millions d'entre nous-vous, nous ne sommes plus bons qu'à être mis au rencard; et laisser le train de la vie à grande vitesse nous passer dessus.
Pendant ce temps là, en pleine inconscience, et pas plus tard que dimanche dernier sur Canal+[i], le François Hollande, qui me fait penser de + en + à Marie Antoinette et sa phrase fameuse " qu'ils mangent donc de la brioche" s'adressait à son vrai électorat bobo-bourge-trou-duc: En clair, " le jeune couple citadin qui vient de rentrer du marché bio" - Et balançait des bons mots en toute sérénité, alors que son pays s'enfonce dans le pire marasme, que 45 millions d'administrés ne veulent plus voir sa tronche de mi-carême, et que sa bande de bozos est aussi impopulaire que ces saloperies d'allergies aux pollens... On en a plein le nez du bobo là, s'écria Chantal Jouanno, tout en garant sa Smart décapotable " Je suis très bobo. Je suis une grande jouisseuse de la vie. Je n'ai pas outre mesure un instinct sacrificiel." ; et c'est une experte qui vous parle du haut de ces pyramides qui contemplent 4 décennies de gabegies... Alors, après la droite gagneuse, la gauche caviar, voici venue la gauche bio-tri sélectif.
Georges Zeter/Avril 2015Livre de Christophe Guilly: La France Périphérique: Comment on a sacrifié les classes populaires. Flammarion, 186 pages