Comment mieux vendre ses ebooks. Part 7

On peut traduire " outsourcing " par " sous-traitance. "

C'est, avec le critère de " niche ", le point le plus important pour vendre le maximum de livres sur Amazon Kindle. C'est cette " méthode " qui a permis à de nombreux auteurs de publier sur Kindle, et d'en retirer des rémunérations conséquentes. Et en fait c'est souvent une façon de vivre de ses écrits Kindle. Même si cela m'a fait sursauter quand je me suis rendu compte de ce que cela signifiait.

Vous avez sûrement entendu parler de ces auteurs, quasiment tous des auteurs américains, qui ont vendu plusieurs dizaines, voir plusieurs centaines de milliers de copies de leurs ebooks sur Kindle. Lorsque j'ai entendu ça la première fois, je me suis imaginé qu'ils/elles avaient écrit un autre " Da Vinci Code ", un autre " Twilight " ou un autre " Harry Potter. "

Et puis j'ai réalisé qu'il n'en était rien le plus souvent. Ils/elles avaient presque tous suivi plus ou moins la même route. Ils avaient trouvé une " niche " (en fait plusieurs niches), et publié des livres très courts, aussi court que celui que vous lisez en ce moment, en s'en tenant plus ou moins aux lignes directrices dont on vient de parler.

Mais écrire un livre, même un livre de 10000-12000 mots, prend du temps. Pas mal de temps à vrai dire quand il s'agit de romans comme les romans jeunesse que j'ai écrits. La raison est simple. Pour écrire un roman de fiction il faut inventer une histoire, inventer les personnages, les décors, écrire des dialogues qui se tiennent. Il faut, en un mot, inventer tout un monde et le retranscrire avec des mots de façon à ce que les lecteurs le voient en ouvrant le livre. C'est un travail de longue haleine qui prend des mois, voir des années pour un livre comme Martin Contremage et le Vol de l'Alabatros ( http://www.amazon.fr/Martin-Contremage-lAlbatros-Robert-Dorazi-ebook/dp/B00JT9JHHK) qui fait 86000 mots.

Or ce il n'est pas possible de gagner de l'argent avec seulement un ou deux romans publiés sur Kindle. Surtout s'il faut un an pour écrire chacun d'entre eux ! C'est là qu'intervient " l'outsourcing. "

Pour gagner de l'argent il faut réussir à produire 5 ou 6 livres par an au minimum pour espérer vendre 20 ou 30 exemplaires par mois de chacun d'entre eux. Ce qui ferait, pour un livre vendu à 2,99 euros (vous recevez 70% soit environ 2 euros), 40-60 euros par mois. Avec 5 livres vendus de la même façon, vous arrivez à 200-300 euros par mois. Bien sur c'est juste un exemple et c'est un exemple très optimiste !

Alors, comment font-ils/elles ces best-sellers pour vendre autant de livres chaque année, et surtout pour les écrire ?

Et bien il n'y a qu'une seule explication. Ils/elles n'écrivent pas tous leurs livres, les livres sont assez courts, et ce sont quasiment toujours des livres de non-fiction (comme celui-ci.)

S'ils/elles n'écrivent pas tous leurs livres, qui donc le fait ? Et bien il semble évident que plusieurs écrivains fantômes les écrivent pour eux. Bien sûr les auteurs écrivent aussi des livres sous leurs propres noms (en nombre variable chaque année), mais ils publient également, sous des noms d'emprunts, beaucoup d'autres livres écrits par ces écrivains fantômes.

Bien sûr le phénomène des écrivains fantômes n'est pas nouveau. Ce n'est d'ailleurs aucunement illégal. La plupart du temps, les biographies d'hommes ou de femmes célèbres sont écrites par des écrivains fantômes (on dit des " nègres " en France, ce qui est insupportable à mes yeux.)

Pour en revenir à ce qui nous intéresse, la seule façon de générer suffisamment de téléchargements pour en tirer des bénéfices substantiels c'est donc de publier non pas 5 ou 6 livres par an, mais bien 20, 30, ou plus. Or il est quasiment impossible pour une seule personne d'écrire autant de livres, sauf à écrire 10 fois le même, ou à s'appeler R.L. Stine...

Donc les auteurs font de " l'outsourcing ", ils sous-traitent leurs livres Kindle. Ils les " achètent ", totalement ou en partie, d'une façon ou d'une autre. Et ils le font à une échelle industrielle.

Une fois cette constatation faite, au moins trois questions viennent immédiatement à l'esprit.

1) Comment gagner de l'argent si on doit payer pour les livres qu'on vend ?

2) Pourquoi les écrivains fantômes ne publient-ils/elles pas leurs livres eux-même puisque c'est gratuit sur Amazon Kindle ?

3) Où trouver ces écrivains fantômes ?

La réponse à la première question est assez simple.

Ces écrivains fantômes sont payés une misère ! Et je dis bien une misère. Par exemple ils/elles recevront 2 ou 3 euros pour chaque 500 mots. Donc recevront 20 ou 30 euros pour un ebook moyen de 5000 mots. Ensuite, ils/elles ne recevront plus rien même si le livre se vend à 1000 exemplaires dans l'année.

La réponse à la seconde question est aussi très simple. Ces écrivains-fantômes peuvent écrire vite mais n'ont aucune audience à qui vendre leurs livres. Comme nous l'avons désormais bien compris, pour vendre des livres sur Amazon Kindle, il faut savoir vendre, avoir de nombreux lecteurs potentiels, et être doué pour la promotion.

Les écrivains-fantômes auxquels les auteurs font appel sont souvent seulement intéressés par l'écriture parce qu'ils/elles savent bien combien il est difficile de vendre ne serait-ce qu'une seule copie d'un ebook. Le plus souvent ils/elles ont essayé et n'ont rien gagné. Dès lors, recevoir 20-30 euros par livre est un grand pas pour eux. Ils ont d'ailleurs construit, au fil des années et des demandes, des banques de données qu'ils/elles peuvent réutiliser, recycler pour de nombreux livres quand ceux-ci sont consacrés à des thèmes proches. Ils peuvent donc, eux-aussi, finalement gagner suffisamment d'argent en jonglant avec plusieurs auteurs. Tout le monde semble gagnant.

La réponse à la troisième question est moins évidente. Mais un business entraînant le plus souvent la création d'autres business autour, il n'a pas fallu longtemps pour que des entreprises online proposent leurs services. Par exemple je me suis inscrit sur le site Elance ( https://www.elance.com/php/landing/main/login.php?redirect=https%3A%2F%2Fwww.elance.com%2Fmyelance) juste pour savoir de quoi je parlais. Ce site est un des leaders pour le travail en ligne. Il met donc en contact ceux qui veulent " embaucher " et ceux qui veulent travailler. Il suffit de s'inscrire comme travailleur free lance ou comme " employeur ", de donner son CV, ses qualités, le genre de travail que l'on peut produire ou le genre de travail que l'on souhaite acheter, de préciser le genre de salaire exigé (horaire ou fixe) ou offert, etc...

Tous les domaines professionnels sont concernés, y compris bien sûr les travaux d'écritures, de création de couvertures, de retranscription de textes audio (certains auteurs n'hésitent pas à écrire un livre à l'aide d'un magnétophone et à le faire retranscrire), ou de traductions en tous genres. Et surtout, tous les pays sont concernés. Ce qui bien sûr fait l'affaire de ceux qui font de l'outsourcing ! Vous imaginez bien en effet que les salaires exigés pour la même tâche ne sont pas les même selon que le/la candidate à un job vit aux USA ou en Malaisie.

Ce qui peut expliquer comment il est possible de faire écrire un ebook de 5000 mots pour presque rien, parce que quelle que soit la rémunération, il y aura toujours quelqu'un pour répondre à l'offre. Quitte à faire un travail de correction derrière qui ne prend, somme toute, pas tellement de temps.

Cela peut sembler une étrange façon de publier des livres, mais c'est de toute évidence la plus employée. Le web fourmille de vidéos d'auteurs qui expliquent comment ils/elles ont eu recours à l'outsourcing. Le plus souvent pourtant ces vidéos sont faites sur le même modèle et vous invitent finalement à souscrire à des " webinars " ou à acheter le DVD (pour 40 ou 50 euros) qui vous expliquera en détail tout ce qu'il faut savoir. Autant dire que dans la majorité des cas, c'est surtout pour vendre le DVD. Ces vidéos sont parfois visionnées par des dizaines de milliers d'internautes, ce qui peut signifier beaucoup d'argent gagné. Je vous évite donc de perdre 50 euros.

Je vous ai dit plus haut qu'il vaut mieux écrire des livres sur des thèmes (des niches) que l'on connaît bien et qui nous intéressent. C'est vrai, mais la vérité c'est aussi que beaucoup d'ebooks Kindle sont publiés par des auteurs qui n'avaient aucune connaissance dans le domaine en question. Ces auteurs font preuve de trésors d'imagination pour trouver le contenu de leurs livres, et on peut au moins leur reconnaître ça.

Par exemple un moyen très employé consiste à écrire une série de questions très précises sur le sujet du livre qu'on veut écrire, et à demander à 20 personnes d'y répondre contre une récompense (un ebook gratuit par exemple) ou tout simplement à utiliser Elance.

Un autre moyen, c'est l'interview directe sur un autre sujet qui a été identifié comme une niche prometteuse, et fera l'objet d'un ebooks. Toujours contre une récompense, 10 ou 20 personnes sont interrogées et le matériel du livre est presque déjà complet.

Ça vous glace le sang ? C'est l'effet que cela m'a fait quand j'ai découvert ces méthodes.

Mais on ne peut pas se cacher derrière son petit doigt tout le temps. C'est ainsi que j'ai compris que j'aurais bien du mal à vendre mes livres pour enfants, même s'ils sont excellents.

Ne soyez pas dupes non plus. Les auteurs qui vendent le plus d'ebooks Kindle publient très souvent sous plusieurs pseudonymes qui peuvent, par exemple correspondre à autant de niches différentes. Ça évite parfois qu'un mauvais livre dans une catégorie ne fasse du tort à l'ensemble des ebooks d'un auteur.