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Visiter les ruines de Latmos, et mourir

Publié le 29 avril 2015 par Marguerite Petrovna @chatmarguerite

Visiter les ruines de Latmos, et mourir

> de la nécropole carienne abandonnée depuis 3000 ans (je précise, pour ceux qui prendraient ce blog en route et n'auraient pas fait l'effort de consulter l'historique, que le Latmos a été occupé par une population autochtone, les Cariens, hellénisés par la suite, ce qui paraissait bien urgent vu le nom miteux qu'ils se traînaient)

> l'église byzantine et son Christ peint.

Visiter les ruines de Latmos, et mourir

Le Guide vert donne un aperçu tout à fait alléchant de la balade : " Aujourd'hui, les pierres des monastères se mêlent à celles de l'antique Latmos, dans un décor absolument féérique. L'un des plus beaux endroits à découvrir est le site de la nécropole***. On progresse au milieu d'un gigantesque dédale de rochers informes, où règne un lourd silence. Tout à coup, pourtant, un hululement strident déchire le ciel et, jaillissant de nulle part, une bergère nomade apparaît, appelant ses chèvres égarées. [...] Non loin de là, une autre surprise vous attend : un rocher pas comme les autres.[Je ne sais pas pour vous, mais cette phrase me fait un effet curieux.] Creusé en forme de voûte, il abrite une fresque byzantine (8 e-9 e siècles) représentant un Christ en majesté, d'où son nom : la grotte du Christ Pantocrator. L'œuvre est très abîmée, mais sa découverte reste un choc. "

Visiter les ruines de Latmos, et mourir

Attention à ne pas exposer à l'art antique des sujets non préparés.

Attention, ces phrases sont sous copyright.

Voilà un texte qui pose clairement les enjeux : nécropole, féérique, chaos, et surtout, bam,exposé comme ça sans détour, en gras, fresque byzantine. Pas le temps d'y réfléchir : j'y cours.

Visiter les ruines de Latmos, et mourir

Ah mince, je suis tout habillé et je tombe dans un trou.

L'entrée dans l'eau glacée avec mon microshort qui se gondole me rappelle curieusement, dans les premières secondes, la scène de The Hours où Virginia Woolf se flanque à la rivière en lestant les poches de sa robe de chambre avec de gros cailloux ; mais, contrairement à elle, je flotte vaguement et parviens à me transporter, en crachant de la mousse par les narines, jusqu'au 36 e monastère fortifié de la journée. L'îlot est envahi de lapins de garenne et de chardons, qui occultent l'entrée du catholikon, passablement ruiné, mais qui révèle tout de même la capacité surprenante des moines à charrier d'énormes blocs volés sur des sites antiques quand les circonstances l'imposent. Malins, ces moines.

L'après-midi de balade au Latmos, censé faire immédiatement suite à cette excursion en eau glacée, semble donc un peu compromise. Mais Pépère nous rassure d'un geste : " La promenade dure une heure et demie, elle est très facile. "

Très facile, sur le mont Latmos, cela signifie que si quelqu'un trouve vos restes desséchés au fond d'une combe dans 28 ans, il fera peut-être l'effort de les rapporter. Il faut savoir que les chemins ne sont pas balisés, et que quand ils le sont, c'est sur un mode farceur, dans des couleurs variables et sur des supports incohérents, et que le balisage, parfois, s'évanouit, comme s'il était allé s'acheter des Biskrem chez l'épicier du coin. Il faut donc suivre son instinct, la côte, et la carte approximative que Pépère nous a tracée sur le comptoir.

Visiter les ruines de Latmos, et mourir

" Euh, les tombes (kaya mezarları), c'est, euh, par là ? "

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