Le Péloponnèse est une presqu’île rattachée au continent, donc à la Grèce, par l’isthme de Corinthe, ce qui oblige les navires voulant aller du Golfe de Corinthe au Golfe Saronique (un peu plus de 6 km à tout casser) à faire un gros détour de 400 km. Pas efficace, pas productif. Donc, très tôt, il fut décidé de franchir l’obstacle : dans l’antiquité, les bateaux étaient hissés sur la berges, puis transportés par voie terrestre en suivant une piste taillée dans la pierre. Moyennement efficace, peu productif, mais mieux que rien.
L’empereur Néron, ce charmant garçon qui mit le feu à Rome, embaucha gratis 6000 prisonniers juifs pour creuser un canal. Mais vue la dureté et l’épaisseur de la roche, bien visible sur la vue de l’actuel canal, il capitula :
Les travaux reprirent pour de bon en 1882, sous l’égide des Français, qui se la pétaient grave depuis qu’ils avaient percé l’isthme de Suez. Scandale politico-financier et autres joyeusetés franco-françaises obligèrent les Grecs à finir le boulot : le canal fut inauguré en 1893, et le premier bateau — un navire français de 110 m de long — put y passer en janvier de l’année suivante. Efficace et productif.
Aujourd’hui, le canal semble abandonné. Les cargos n’y passent plus, faute de tirant d’eau suffisant. Jusqu’à une époque récente, des navires de tourisme y circulaient, mais actuellement, plus rien ne semble y naviguer. La mise en valeur du site est quasi inexistante : un parking trop petit, des boutiques à touristes bas de gamme, un distributeur de billets de banque (indispensable dans un pays où la carte bancaire est considérée comme extraterrestre), deux malheureuses passerelles étroites entre les voies routières. Le bruit des camions, des voitures, … et puis la route qu’il faut traverser … au final, une réalisation superbe, une probable très belle leçon de géologie, mais ni le temps ni l’envie de s’appesantir davantage.