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Le Valet des coeurs 7

Publié le 13 mai 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

pieri

  LE VALET DES COEURS 7  

Par Jean-Marie Pieri

Chapitre 7

Le sourire de la tortue.

Le petit roi pleurait toutes les larmes de son corps, le nez sur l’oreiller il se lamentait, ses dernières illusions volaient en éclats. Trahisons et coups-fourrés se multipliaient, il regrettait son fidèle Premier I qui subissait tout à sa place sans se plaindre! Premier II prenait ses distances.

Chaque jour le monarque assistait impuissant à la lente érosion de son pouvoir, les sondages s’aggravaient, sa côte de popularité s’effondrait. Officiellement elle stagnait autour des 20%, alors qu’en réalité elle n’excédait pas les 8%.

Des officines peu scrupuleuses tentaient de jeter de la poudre aux yeux, mais personne dans le peuple n’était dupe. Déjà les opportunistes le lâchaient, la trahison était dans l’air et sa majesté ne décolérait pas.

⁃ Le peuple ne m’aime pas, soit… je veux bien l’admettre, mais pourquoi me déteste-t-il à ce point je ne lui ai rien fait de mal, je suis jovial, plutôt agréable en public, j’ai de l’humour, de la répartie et je plais aux femmes (il se redressa, bomba le torse, gardant un oeil rivé sur un miroir) je recherche toujours la synthèse, j’évite tout affrontement et surtout toute polémique inutile! (le petit coq rayonnait) Eh bien non, à chaque fois ça rate et on me tourne en ridicule! (il boxa un adversaire invisible qui le narguait au fond du miroir)

⁃ Si tu me cherches, tu vas me trouver et mon cabinet noir trouvera bien quelque chose contre toi, s’il le faut on l’inventera, le peuple est si crédule! (il éclata d’un rire sardonique, réplique de film hollywoodien)

Le roi découvrit des dents jaunâtres, bains de bouche, nettoyage et brossage, rien n’y faisait, elles restaient désespérement jaunes, il avait beau multiplier les détartrages et mastiquer à longueur de journée de la gomme l’échec était total. Oscar surveillait avec angoisse son haleine, craignant de répandre une odeur fétide, celle de la vieillesse.

Un entraînement physique quotidien lui permettait encore de tromper son monde, car il sentait que son corps se délitait, prenait des rondeurs, engraissait et devenait lourd à vue d’oeil, sa gourmandise le perdrait, il le savait bien, patisseries, confiseries, charcuterie, petits plats mijotés, recettes familiales ou gastronomique rien ne l’arrêtait.

Le roi succombait aux délices de Capoue à celà s’ajoutaient dégustations, présentations de produits, foires-expositions, banquets et autres festivités, ton amour de la bonne chère et ta fourchette seront ton tombeau lui sussuraient ses ennemis!

Son mauvais génie lui chuchotait depuis le miroir:

« Tu es un menteur fieffé, ta fourberie est avérée, combien de cadavres as-tu dans ton placard, combien de contorsions, de piéges évités, de trahisons à l’égard de ce peuple que tu exècres, tu méprises la pauvreté intellectuelle, tout autant que la pauvreté matérielle des sans dents, ces sans paroles, ces estropiés du verbe que tu as trompés… Sinistre félon tu as renié toutes tes promesses, commis toutes les bassesses du monde pour parvenir au sommet et vaincre tes adversaires au sein même de ta famille ébahie de voir la transformation d’un vilain petit canard en aigle prédateur. »

⁃ Allons tu exagères, ta défaite fût humiliante j’en conviens, mais je ne vais pas me faire l’avocat du diable ( il éclata de rire, ravi de sa bonne blague) ni jouer le rôle du candide!

Le miroir se couvrait d’une légère buée et vibrait prêt à imploser d’indignation.

⁃ Qui sème le vent…
⁃ Autant pour toi! (grimace)
⁃ Renégat!
⁃ Aigri!

Le roi adorait ces affrontements imaginaires face au miroir, l’adversaire était à sa taille, l’ennemi coriace lui portait les coups les plus rudes, cela le divertissait, le changeait de l’atmosphère feutrée du palais et des courbettes des courtisans.
Ce spectacle hors du temps le réjouissait, créait un sentiment de toute puissance et d’éternité, il ne pouvait rêver mieux au tribunal de la conscience pas de juge plus sévère que soi-même!

Le pouvoir est un jeu qu’il faut savoir utiliser à bon escient, répétait-il à ses proches, tout comme la passion, l’amour d’une belle femme!

Le roi sursauta et se figea dans l’attente. Il offrait son plus charmant sourire.

L’homme vêtu de noir s’avançait, portant une pile de dossiers cerclés de rouge.

Jean-Marie Pieri

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur*** 

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L’article à lire absolumentLa Cigale et la Fourmi, revue et corrigée

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