Une aventure à la fin de 19ème siècle: une héroïne accusée d'être criminelle par naissance ! Yves Grevet, signe encore un roman fort en déroulant ses thèmes favoris: la solidarité et la résistance à l'oppression.
Quel sujet délicat que celui choisi par l'auteur du génial Méto! Des thèses scientifiques qui ont influencé l'eugénisme: "La criminalité est-elle héréditaire, identifiable à certaines caractéristiques physiques" ?. Un contexte véridique, qu'il développe à la fin du roman. Osé, assez sombre et pas évident au premier abord dans un texte pour la jeunesse. Mais sa maîtrise de l'aventure et de l'émotion parviennent à faire tenir le tout sans problème!
"1897, au nord-est de l'Italie. Frida, une adolescente de quinze ans, fuit sa région natale en diligence. Ses parents, qu'on accuse de crimes odieux, ont été pendus deux jours plus tôt. La foule réclame à présent la tête de celle qu'on surnomme "la fille des démons". Frida espère pouvoir trouver refuge dans la demeure du docteur Grüber, à Bologne, un médecin réputé qui semble fasciné par son cas."Cette orpheline paria qui a soif de liberté, elle nous est immédiatement sympathique. Quand elle cherche à réhabiliter ses parents, elle fait face à mille dangers. Certains passages sont hautement émouvants, parfois même dérangeants. Est-ce parce que je les mets en parallèle avec les dérives eugénistes du 20ème siècle et les théories qui en ont découlé? Est-ce parce que je l'ai lu en vivant entièrement l'emballement de cette chasse au sorcière contre une innocente? L'auteur a réussi le pari de me remuer, en tout cas. Et je ne pense pas être la seule. Je réserverais ce roman aux plus mûrs des lecteurs ados.
Mais dans ce contexte des 1ères recherches de la "criminologie", l'auteur n'oublie pas de tenir son lecteur en haleine. Le romanesque est roi dans ce texte où les rebondissements inattendus foisonnent, où les confiances sont trahies, et les soutiens inattendus. L'amour point même son nez quand on ne l'attend pas.
Un roman comme un message de tolérance, Contre le déterminisme et la fatalité.
Celle qui sentait venir l'orage, Yves Grevet, Syros, mai 2015, 400p., 12.99€.
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