Comme tout le temps, je cherche ma taille! Je prends. Je tourne. J'ouvre. Je lis. Je repose. Je prends... J'ai dû faire au moins 15 tee-shirt et je n'ai toujours pas trouvé celui à ma taille, alors je continu de fouiller sous l'oeil médusé d'un vendeur qui se demande certainement quand est-ce que je vais tout mettre par terre pour trouver LE tee-shirt de mes rêve.
Sans doute désespéré par le bazar que je suis en train de lui mettre, il se décide enfin à venir me parler. J'ai droit à la phrase typique et banale qui est greffée à tous les vendeurs et vendeuses, certainement au moment de leur embauche: "Bonjour Monsieur, je peux vous aider?"
Là! Deux réponses s'offrent à moi: "Oui, aidez-moi à tout mettre par terre." ou alors "Oui, je cherche la taille XL". Vu son regard noir de sérial killer du samedi matin, mon instinct de survie me fait opter pour la deuxième option.
Je me recule de mon paquet de tee-shirt comme un prenneur d'otage libérerait son trésor et je le laisse chercher à ma place. Il semble d'ailleurs soulagé de le faire à ma place alors je ne vais quand même pas lui gâcher se plaisir. Peut-être que je ne vais pas mourir ce matin car son regard s'apaise comme je m'éloigne encore des otages.
Il trouve enfin l'objet de mon désir. Il me fixe dans les yeux. Me sourit. Et me dit qu'avec mes belles et larges épaules, il me faudrait quand même l'essayer pour être certain de la taille. Joignant ses gestes aux mots, il entreprend de me défaire de haut de ma veste.
Mouvement de recul.
- Heyyyyy ?! Que fait-il?! Me crie ma petite voix intérieure.
Il avance d'un pas et repose ses mains sur mon col. Il me sourit toujours aussi bêtement.
- Heyyyyyy ?! Mais ça va pas?? Riposte ma petite voix intérieure.
Il insiste et commence à m'enlever ma veste. Maintenant il passe derrière moi et pose ses mains sur mes épaules. Je bondis quand j'entends: "Hummm! Monsieur à de belles épaules!"
Ma petite voix se transforme alors en grosse voix et je lui rétorque: " Ca ne serait pas mieux que je l'essaie dans la cabine d'essayage quand même?" Il rigole. Pas moi.
Là, je ne le sais pas encore, mais grave erreur!! Il ne fait plus aucun doute que le vendeur me drague ouvertement, mais croyant m'échapper, je ne fais que m'enfermer encore davantage.
Son sourire béat se transforme en ricanement sournois et je vois presque son oeil sintiller de bonheur à l'idée que je lui propose d'aller dans la cabine d'essayage.
Vous croyez qu'il m'aurait laissé aller à la cabine seul?? Que nenni!!! Il m'accompagne...
Je rentre dans cette cabine, heureusement trop bien éclairée et trop en vue pour me faire violer, et je referme le rideau.
Ouuufff!!!
Ouuuufff? Non pas ouuufff!! Au moment où je relève la tête et que mon regard remonte sur le haut du rideau, je vois.... l'impensable!
Deux yeux!!
Deux yeux qui scintillent dans l'entrebâillement du rideau. Je les reconnais de suite. Leur propriétaire n'est personne d'autre que le vendeur. Il a une joue collée au montant de la cabine et l'autre joue collée au rideau.
Je me demande alors si je suis en train de rêver ou pas. Je bats des cils sans mots dire et je vois à présent: une bouche, en plus des deux yeux. Toujours celle de mon vendeur. La bouche viens de se faufiler à travers le rideau et il me sourit..... bêtement.
Je ne dis rien mais dans un geste d'énervement, je ferme le rideau en prenant soins de le lui faire claquer sur le nez. Au moment où je le re-ouvre... plus de vendeur. Personne. Je ne l'ai plus revu.... Bizarre....
Une chose est sûre, je ne suis plus jamais revenu chez