p [POETA EN NUEVA YORK]
oeta en nueva york. was zu satellitnphotos, halb-
inselgesprächn, blickn fürht, vornübergebeugtn ins
ocular, zu checklistn, nacknstarre. zu nahaufnahmen
von nahaufnahmen. poeta en nueva york. haarrisse,
schlagschattn,wind. zugige strassnzüge, unterrumpelt
von mondriaens subwayfahrplan, palermos widmung.
stadtzunge nahaufnahme, verschwiegn. so strömt AUGN-
ROST / BLICKKORROSION / WEGROSTNDE IN ALLER
EILE AUGN /so strömt in nicht zu dünnem doppel-
strahl so strömt an irgnd ecke unablässig wasser pfla-
tschndhell aus dem hydrant; im insel-, halb im insel-
wind, is dasn haufn klunker nur, zu füssn: hippokrene?
p
oeta en nueva york. regards dirigés vers des photos
satellites, entretiens péninsulaires, courbés sur l'oculaire.
vers des check-lists, la nuque raide, de plan rapproché
en plan rapproché. poeta en nueva york. fissures étroites,
ombres portées, vent, fronts de rues soufflés qu'ébranle
le métro, les lignes de mondrian, la dédicace de palermo.
plan rapproché langue citadine assourdie. ainsi s'écoule ROUILLE
OCULAIRE / CORROSION DU REGARD / RONGÉ PAR LA ROUILLE
EN UN CLIN D'ŒIL / ainsi s'écoule dans un double flux plutôt
dense ainsi s'écoule de toute part sans cesse l'eau jaillie
de la borne d'incendie ; dans le vent insulaire, presque
insulaire, juste un tas de cailloux aux pieds : hippocrène ?
Thomas Kling, "Manhattan Espace Buccal" [Manhattan Mundraum, 1996], in Manhattan Espace Buccal, Éditions Unes, 2015, pp. 24-25. Traduit de l'allemand par Aurélien Galateau. Vignette de couverture de Philippe Cognée.