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La peine de mort pour Serge Atlaoui

Publié le 15 mai 2015 par Jean-François Dagenais @lesinjustices

La peine de mort pour Serge Atlaoui

Serge Atlaoui est un artisan soudeur, domicilié à Metz. Il travaille dans un premier temps à son compte aux Pays-Bas.

En 2005, le Français se trouve en Indonésie à Tangerang, dans la province de Banten à proximité de Djakarta.

Il est chargé de l'entretien des machines dans une usine de la ville. Il affirme " avoir été recruté pour 2 000 euros (2,723 dollars CDN) la semaine afin d'installer des machines industrielles " qui serviraient à la fabrication d' acrylique.

Selon son épouse, il y travaille une première fois pendant six semaines, où il est payé au noir, puis une seconde fois durant deux matinées.

Lors de sa deuxième matinée de travail, le 11 novembre 2005, dans le cadre d'une opération de police, 17 personnes - dont Serge Atlaoui - sont interpellées dans l'usine qui s'avère être une unité de production de pilules d'ecstasy.

Selon le journal 20 minutes, il affirme être alors persuadé que l'usine servait à effectuer des " tests " de fabrication du MDMA, le composant de l'ecstasy, sans produire de cachets.

Toujours selon madame Atlaoui, c'est quelques instants avant son arrestation, en entendant une conversation non loin de lui, qu'il a compris dans quoi il s'était embarqué.

Son cas pourrait aboutir à la première exécution d'un citoyen français depuis Hamida Djandoubi en 1977. En avril 2015, les autorités françaises, dont François Hollande, font pression pour empêcher l'exécution de Serge Atlaoui.

Lors de son arrestation, il est accusé de possession de 138 kg de méthamphétamine, 290 kg de kétamine et 316 cylindres de substances précurseurs de drogues.

Après un procès où il affirme qu'il pensait se trouver dans une usine de production d'acrylique et non d'ecstasy, il est néanmoins condamné à la réclusion à perpétuité pour trafic de drogue en novembre 2006.

Selon le Quai d'Orsay, lors de ce premier procès, Serge Atlaoui ne disposait pas d'interprète. Il fait appel de ce jugement : lui et les autres inculpés sont condamnés à la même peine.

En 2007, en cassation, les deux Européens (dont Serge Atlaoui) sont de nouveau jugés coupables, et cette fois condamnés à la peine de mort le 29 mai 2007, c'est-à-dire la même peine que huit des onze autres prévenus dans l'affaire.

Sabine Atlaoui, la femme qu'il vient d'épouser, se mobilise pour obtenir une grâce.

Demande de grâce présidentielle

Le président d'Indonésie élu en 2014, Joko Widodo, dit Jokowi, rejette le 28 janvier la grâce demandée par Serge Atlaoui. Celui-ci demande alors une révision du procès auprès de la cour suprême.

Le 21 avril 2015, la cour rejette la demande de révision, car elle estime les faits avérés : Atlaoui fut " manifestement (avec preuve) coupable de distribution, transfert et négoce de drogues dont de l'héroïne pure ".

Il s'agit de son dernier recours. Deux jours plus tard, on annonce que son exécution est en préparation.

Toutefois, le 25 avril, le bureau du procureur général (ATO) retire son nom de la liste des toutes prochaines exécutions, afin de traiter les nouvelles informations de son dossier.

Seconde demande de grâce présidentielle

Selon The Jakarta Post et CNN Indonésie (en), l'appel qu'il forme concernant le refus de sa grâce par Joko Widodo aurait été rejeté le 28 avril 2015. Cette information est démentie par son avocat et par Romain Nadal, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Sabine Atlaoui dit vivre " une torture psychologique intense ". Le recours aurait dû être examiné le 7 mai mais il est toutefois reporté du 7 au 13 mai 2015 à cause de l'indisponibilité de l'avocate de Serge Atlaoui.

Le 13 mai, la Cour administrative de Jakarta accepte qu'un expert examine la procédure judiciaire. Lors de la prochaine audience, fixée au 20 mai, la défense doit soumettre ses arguments écrits à la Cour administrative.

Celle-ci devrait entendre le 26 mai des experts judiciaires ou des témoins convoqués par la défense avant une dernière audience prévue le 28 mai.

Critiques de la procédure

Le Monde rapporte que des sources diplomatiques françaises ont émis des doutes sur l'impartialité de la procédure concernant les européens en expliquant que : " Le fils du chef de réseau ou le chimiste étaient plus impliqués que M. Atlaoui, qui n'était qu'un contractuel recruté par le Néerlandais. ", et en ajoutant qu'au cours des audiences " l'attention a porté d'avantage sur eux [ le Français et son compagnon d'infortune ] que sur les chefs du réseau indonésien ".

Le quotidien rappelle que si Serge Atlaoui a vu la demande de révision de son procès rejetée, il n'en va pas de même pour " ses patrons " qui ne sont plus menacés d'exécution avant l'étude de leurs dossiers.

Il a un frère cadet, André Atlaoui et était père de 3 enfants au moment de son arrestation en 2005. Il a épousé sa femme Sabine en prison en 2007. Avec celle-ci, il a eu un quatrième enfant, âgé de quatre ans en avril 2015.


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