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L’armée française accusée de viol d'enfants en Centrafrique

Publié le 05 mai 2015 par Jean-François Dagenais @lesinjustices

L’armée française accusée de viol d'enfants en Centrafrique

Soldat français de la force Sangaris, en 2014

Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, qui assure avoir transmis le dossier à la justice française dès l’été 2014, évoque une enquête complexe en raison notamment du départ de Centrafrique des éventuels suspects.
Un rapport des Nations Unies accuse des troupes internationales, et particulièrement les soldats français, d'avoir commis des viols sur des enfants en Centrafrique. Le ministère de la Défense français a ouvert une enquête interne et promet de faire toute la lumière.
Le texte, révélé par le quotidien britannique The Guardian, affirme que des militaires ont abusé de mineurs en «échange d'argent ou de nourriture». Les faits se seraient déroulés à Bangui en décembre 2013 et juin 2014. 
La capitale centrafricaine était alors la proie d'intenses combats entre les miliciens chrétiens anti-Balaka et musulmans de la Séléka. Des centaines de milliers de civils avaient alors fui leur maison pour se cacher sur l'aéroport de M'Poko à Bangui. C'est dans ce camp de réfugiés que les viols auraient eu lieu.
Des victimes âgées de 9 ans
Un agent du BINUCA (Bureau Intégré de l'Organisation des Nations Unies en Centrafrique) assisté de personnels de l'UNICEF ont recueilli plusieurs témoignages d'enfants, dont certains âgés de 9 ans, racontant les sévices dont ils ont été victimes. 
Le rapport de la MINUSCA (Mission des Nations Unies en Centrafrique), estampillé «confidentiel» est extrêmement détaillé. Un garçon de 9 ans raconte ainsi avoir été agressé sexuellement par deux soldats alors qu'il était à un check point dans l'espoir de trouver quelque chose à manger. Les victimes, très choquées, ont néanmoins pu donner des descriptions précises de certains violeurs.
Rédigé à l'été 2014 par une équipe des Nations Unies, le rapport est très longtemps resté secret. L'enquête semblait s'enliser laissant craindre qu'aucune sanction ne soit prise. « Les abus sexuels par les forces de maintien de la paix couverts par les Nations unies montre un mépris des victimes. 
Mais l'affreuse vérité est que ce n'est pas rare. Le manque de réaction de l'ONU aux abus sexuels commis par ses membres doit faire l'objet d'une enquête », assure Paula Donovan, de l'ONG Free World.
Des cas isolés selon la Défense
Anders Kompass, un travailleur humanitaire de l'ONU, en poste à Genève, lassé de ce manque de volonté, a finalement décidé de son propre chef de saisir les autorités françaises. 
Le ministère de la Justice français a annoncé mercredi que le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire à ce sujet en juillet 2014. Plus étonnant, Anders Kompass est lui aussi la cible d'une enquête de l'ONU. On lui reproche d'avoir diffusé le rapport, ce qui pourrait lui valoir un licenciement.
Le ministère de la Défense français explique que le dossier lui a été transmis par l'ONU le 29 juillet , et qu'il a saisi le jour même le parquet de Paris sur le fondement de l'article 40 du Code de procédure pénale. Les investigations ont été confiées au commandement de la gendarmerie prévotale, l'équivalent pour ce corps de la « police des polices ». En parallèle, l'armée a ouvert une enquête interne, «une enquête de commandement». 
« L'ensemble des investigations n'ont pas permis d'identifier les éventuels responsables de ces actes. Il ne s'agit pas de quelquechose de systémique mais de cas isolés » explique-t-on au ministère. 
Toujours selon cette source, les enquêteurs se heurtent à des difficultés pour retrouver certains des enfants victimes et les témoignages ne sont pas assez précis pour permettre une identification claire des violeurs. Mais les investigations seraient toujours en cours.
Les Nations unies ont déjà du faire face à plusieurs scandales de pédophilie dans ses rangs lors d'opération de maintien de la paix. La révélation de ces viols pourrait rendre plus difficile la mission de la France en Centrafrique où 1000 soldats français sont toujours stationnés.
Invité à l’émission Europe 1 le dimanche soir du 3 mai, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français justifie le viol des enfants centrafricains par le fait que les conditions de travail des militaires français sont très difficiles et qu’ils sont confrontés à des populations malheureuses.

Source : Le Figaro

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