Magazine Humeur

Le Billet Amer #19

Publié le 25 mai 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

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   Le Billet Amer #19  

Par L’Aigre Doux

Ainsi donc Palmyre va tomber aux mains des djihadistes de l’Etat Islamique. Avec tous les risques que le patrimoine architectural hellénistique et romain qu’elle recèle ne soit réduit en tas de pierres par les fous furieux de Dieu. Comme à Mossoul, les ruines deux fois millénaires de son prestigieux passé vont être mises à bas par le bras de l’obscurantisme et du fanatisme. Curieux que ces vestiges menacés soient ce qui reste de la destruction de la ville par …les Arabes en 634.

Seul espoir…l’armée de Bachar El Assad qui a repris, au prix de combats meurtriers, une partie de la ville aux troupes d’Al- Baghdadi. Mais la France restera ferme sur ses principes. Pas question d’intervenir pour sauver les merveilles de Palmyre et accessoirement la vie de milliers de ses habitants. Bachar n’est pas Fidel. Il y a les dictateurs fréquentables et ceux qui ne le sont pas. Faute d’avoir bercé la jeunesse romantique révolutionnaire de François Hollande ou de conclure de juteux marchés avec la France, le chef de l’Etat Syrien, protecteur rappelons- le au passage des minorités religieuses et en particulier chrétiennes dans son pays, n’aura droit à aucun soutien, même indirect, même pour préserver ces irremplaçables richesses, héritage partagé de l’Humanité.

La politique est l’art glaçant du réalisme. Si Bachar est, comme la totalité de ses voisins des émirats arabes, un dictateur sanguinaire, ne méritant aucune clémence particulière, il n’empêche qu’à l’heure actuelle, dans l’état de décomposition des pays qui l’entourent, il reste sans nul doute le seul point d’appui solide et crédible dans la lutte contre Daesch. Les Américains, réalistes, l’ont compris, eux qui n’hésitent pas à envoyer leur aviation bombarder les lignes adverses où qu’elles se trouvent, y compris en Syrie. Mais l’abstention bornée du gouvernement socialiste n’est-elle pas en réalité la conséquence d’une gêne ? Sur la Syrie, sur la Lybie, le rôle joué par les dirigeants de notre pays, tombés littéralement sous le charme des « printemps arabes », fleurs sanglantes dont nous avons favorisé l’éclosion, nous paralyse. Les rebelles que nous avons soutenus et équipés ont rejoint, avec armes et bagages, le camp islamiste. Nos soldats risquent de tomber sous nos propres balles.

Alors, jouons- la sous le couvert de la posture morale : nous ne mangeons pas de ce pain- là ! Après tout Assad n’a pas, comme Castro, « fait l’Histoire ».

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Comme d’habitude, on fera les choses à moitié…

La décision prise par l’Union européenne à propos du déferlement des immigrés dans son espace ouvert à tous les vents est une de ces demi-mesures dont tout le monde sait qu’elle ne réglera rien. La force navale qui sera déployée en Méditerranée n’aura aucune autorisation d’interception des épaves flottantes utilisées par les passeurs, véritables négriers des temps modernes. Pas plus le droit de détruire ces barcasses avant qu’elles ne prennent la mer. Nos vaillants guerriers auront donc comme consigne d’observer. Sûr que le flot des armadas de la misère humaine va se tarir devant une si redoutable menace et que les pourvoyeurs de mort vont rentrer dans leurs villages pour se remettre à l’élevage de leurs chèvres.

Le feu vert sollicité de l’ONU, qui se fait attendre, est aujourd’hui dépendant de la décision de Vladimir Poutine dont le véto au Conseil de Sécurité interdirait toute action militaire des pays concernés. On imagine la satisfaction revancharde du maitre du Kremlin laissant entendre qu’il n’est pas vraiment disposé à l’accorder. Le Président Russe n’a jamais oublié les bombardements de l’OTAN sur Belgrade et la Serbie, effectués sans l’aval de l’ONU, afin de faire de la province serbe du Kosovo un état islamique maffieux, devenu le carrefour de tous les trafics qui pourrissent l’Europe.

L’inadaptation des moyens employés, face aux périls de tous ordres, traduit bien la faiblesse et l’impuissance de nos sociétés, incapables de prendre la mesure réelle des dangers. Dans la même ligne, face à l’état islamique, à sa folie meurtrière, à ses avancées destructrices, la coalition livre une demi-guerre dont le mot d’ordre est zéro mort dans ses rangs. Une stratégie frileuse pour des opérations militaires à l’abri des nuages qui interdit toute reconquête réelle des territoires occupés par la marée noire.

La dramatique méconnaissance des réalités du terrain, les valses hésitation entre sunnites et chiites révélant le désarroi du Président Obama, les jeux personnels joués par les Chefs d’Etat européens sur fond de recherches pathétiques de contrats pour des économies en panne, viennent noircir la palette d’une catastrophe annoncée. En attendant la mise à feu des guérillas urbaines.

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« La réforme sera appliquée ». Circulez y a rien à voir. Comme pour les lois sociétales combattues pendant des semaines par des manifestations monstres, le gouvernement socialiste passe outre la contestation populaire venue cette fois de ses propres rangs. Le monde enseignant constitue en effet les gros bataillons électoraux de la Gauche. Son opposition au projet, porté par la Ministre de l’enseignement Najat Vallaud-Belkacem, n’en a pas moins été superbement ignorée par le Pouvoir. Comme quoi, on n’est jamais trahi que par les siens.

Cette crise, classique dès qu’on touche au « Mammouth » sur lequel le ministre socialiste Claude Allègre du temps de Jospin s’est cassé les dents, fournit de multiples enseignements. D’abord, la faiblesse relative de la mobilisation syndicale inattendue chez des organisations qui ont montré dans le passé une plus grande capacité de nuisance dans ce domaine. Il est vrai qu’on y met plus d’ardeur quand il s’agit d’une majorité de droite. Ensuite, l’entêtement et l’aveuglement de l’Exécutif qui brandit comme étendard de cette réforme, la justice et l’égalité, thèmes exaltants mais en l’occurrence pervertis aboutissant, pour supprimer les disparités de l’excellence honnie, au nivellement par le bas. Enfin, des forces d’opposition animées par des motivations différentes, celles de la droite étant plus axées sur un modèle d’organisation de la société que sur la définition d’un projet éducatif.

En matière de politique d’enseignement, tous les gouvernements se sont plantés depuis des décennies ce qui induit une responsabilité largement partagée de part et d’autre de la frontière politique. Ce constat devrait imposer, sur un sujet aussi fondamentalement structurant de la collectivité nationale, une large concertation débarrassée des préjugés idéologiques, obstacle absolu à la conception d’un projet d’union nationale. Mais en la matière, comme le dit la publicité à propos des banques, on peut rêver…

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« Pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme »

Ce propos, qui serait justement qualifié de sexiste de nos jours, a pourtant été tenu par une femme. Aixa Fatima, mère de Boabdil, le dernier Calife de Grenade, alors qu’il versait des larmes en quittant sa ville reconquise par les souverains espagnols mettant en 1492 un terme à 7 siècles d’occupation arabe de l’Espagne. Le lieu présumé où se serait déroulée cette scène s’appelle d’ailleurs «  le dernier soupir du maure ».

Nous allons donc pleurer abondamment, comme des êtres humains défaillants, la perte de Palmyre, après celle de Mossoul et avant bien d’autres, que nous n’avons pas su protéger et préserver. L’inconsistance et l’incohérence de la politique occidentale, conséquences de décennies de renoncement, de lâchetés, d’erreurs stratégiques, de petits calculs égoïstes, se paient cash. On ose imaginer ce qu’aurait été, dans les années 40, un tel comportement des chefs d’Etats alliés face à l’agression nazie.

On ne fait pas la guerre à un adversaire aussi totalitaire, aussi raciste, aussi déterminé, aussi cruel, à reculons, avec des états d’âme, des grands principes et des petits moyens. La participation symbolique aux combats des états européens, à l’exception de la France, qui se sont accommodés de la protection de l’Oncle Sam à travers l’Otan, ne prédispose pas à la mobilisation totale des volontés et des énergies qu’impose une situation d’exception. Les déboires des Présidents américains au cours de la décennie écoulée, voulant gérer avec des idées simples pour ne pas dire simplistes, la question de cet Orient que l’on sait compliqué, ne prédispose pas l’actuel locataire de la Maison Blanche à faire plus que le strict minimum . Pas de quoi endiguer l’avancée des djihadistes que l’on va laisser conquérir la Syrie pour abattre le régime au pouvoir. François Hollande et B.H.L. en seront satisfaits. Certainement pas les minorités religieuses promises au fil du couteau par les islamistes.

Les capitales occidentales vont donc se fendre de communiqués déchirants pour dénoncer les méfaits des hordes qui massacrent, pillent, brûlent, détruisent, commettant jour après jour des crimes atroces contre l’Humanité, des atteintes irréversibles à son patrimoine historique et culturel. Le bureau des pleurs va tourner à plein régime, certainement au grand dam des égorgeurs.

L’Aigre Doux


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*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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