Depuis le tout début de l’écriture de mon roman inspiré de mes ancêtres irlandais, je sais la fin de l’histoire. Elle n’est pas encore écrite, mais j’en connais le lieu et la raison de ce choix. Depuis, je tergiverse, mais il faudra pourtant me décider : ça se passe dans la Petite-Nation ou non?
De toute façon, ai-je tant de lecteurs et il y a peu de chance qu’ils m’adressent les reproches que je crains? Arriveront-ils à la conclusion que je redoute? Ai-je si peur d’en parler au cas où j’en dise plus de mal que de bien? Comme de son corps : j’ai le droit d’en parler, mais ne tiens pas à ce que d’autres en discutent, surtout pas pour en dire du mal? Sujet sensible, ne touchez pas? Depuis quand écrit-on en pensant à ce que les lecteurs vont en penser? Je me dois d’abord aux personnages, non? Quand même paradoxal : un auteur qui préfère des personnes qui n’existent pas à des lecteurs réels! Et quelle est cette peur qui choisit l’évitement plutôt que l’affrontement? Quel affrontement d’ailleurs? Pleutre je suis dans la vie, lâche je resterai, même dans une fiction?
Je l’ai pourtant fait dans Visions de la Petite-Nation (on peut d’ailleurs lire les pages qui y sont consacrées : http://www.despagesetdespages.com/petite-nation-claude.pdf). Il me faudrait une analyse plus approfondie pour comprendre mes tergiversations d’aujourd’hui.
Allons-y d'un petit pas d’abord dans ce blogue. Un peu comme Christiane Rochefort qui a écrit Journal de printemps où elle raconte les circonstances entourant l’écriture de Printemps au parking. Ou encore Éric-Emmanuel Schmitt qui, à la fin de son livre Les deux messieurs de Bruxelles raconte comment lui est venue l’idée ou ce qui entoure chacune de ses nouvelles. Débutons par ce billet en espérant que ça nous tienne lieu d’engagement ou d’assurance pour la suite. Donc, le lac Simon, les villages de Montpellier, de Chénéville qui l’entourent et finalement toute la Petite-Nation (une bonne vingtaine de municipalités où j’ai enseigné, acheté, pédalé, marché, photographié, aimé, pleuré, ri) sont devenus mon pays, mes amours. Alors, pour un roman, pourquoi ne pas situer ces lieux et les présenter sous leurs plus beaux atours?
Le feriez-vous? Hésiteriez-vous? Est-ce important les lieux dans les romans que vous lisez ou que vous écrivez?