Aujourd’hui il pleut et je m’ennuie.
Simultanément je lis, regarde la télé et écoute un live de Joe Cocker.
Allongée sur mon canapé-lit, j’ouvre une boite à chaussure mentale et cérébrale, je plonge à l’intérieur. Parallèlement à la chute d’Alice au Pays des Merveilles, j’atterris au milieu d’un long couloir blanc, de part et d’autre, des portes fermées.
Je marche, longtemps, surement des secondes ou des heures. Le couloir ne tourne jamais et au bout une porte noire. Je l’ouvre…
Projetée 17 ans en arrière, je me retrouve sur une aire de jeu. Je suis invisible. Des enfants débarquent en hurlant par centaine. Ils se battent, se balancent du sable, cours dans tous les sens.
Une petite fille arrive. Elle me prend la main et me fait monter au toboggan, il est immense. J’ai l’impression que je n’arriverais jamais en haut. La fillette arrive en premier, elle me regarde et me marche sur les doigts, je lâche l’échelle, je chute.
J’atterris devant chez mes parents, il y a de la musique à fond et je ne comprends pas. C’est une fête mais ce ne sont pas mes amis. Je les regarde, ils ne me voient pas non plus… Leurs visages se déforment. Leur sourires sont immenses ont dirait des clowns endiablés, leurs yeux sont noirs, on dirait des trous.
J’entre dans ma maison, je croise une amie, un vieux téléphone filaire à l’oreille. Elle me regarde et me dit: « c’est à cause de toi, c’est à cause de ça ». Paniquée, Je veux sortir, mais impossible atteindre la porte, je cours pourtant… Mes jambes sont longues et lourdes. Je m’englue au sol, je force, j’ouvre cette putain de porte et je chute, encore…
Je tombe à l’eau, en plein milieu de l’océan. Je me souviens, c’était il y a trois ans, mais cette fois je suis seule, il n’y a pas de bateau. Je ne sais plus nager, je ne vois pas le fond et j’ai le vertige, je suis clostro sous l’eau. Ce liquide vénéneux entre dans ma gorge puis dans mes poumons, la surface s’éloigne de moi, j’essais de nager mais à chaque coup de brasse je m’enfonce plus rapidement dans les ténèbres. J’ai peur…
Une main… Elle me tire des profondeurs par les cheveux. Je suis dans une cuisine. Autour de moi, les gens se bousculent, tout va très vite. Je me lève et je pars, tout est noir, on dirait un labyrinthe, je descends des escaliers, tourne à gauche puis à droite, je glisse, je tombe, m’écorche les coude et les genoux. Une chaise haute, je m’assois et d’un coup je rétrécie.
La voix de ma mère qui me dit de ne pas me balancer. Je n’ai pas peur, je sais que j’arrive toujours à me rattraper au dernier moment. Je bascule, ma main frôle la table, je n’ai pas de prise, je chute de dos, cette fois c’est la dernière fois, je ferme les yeux. J’entends mon crane heurté le carrelage…
J’ouvre les yeux. Je suis allongée sur mon canapé-lit.
Je regarde l’heure, oui je me suis endormie.
Juste deux minutes.