Hier soir l’évènement avait lieu au Cinéma Publicis des Champs-Elysées à Paris, puisqu’on y projetait en avant-première, un concert des Rolling Stones qui sortira en DVD début juin. Bien entendu j’y étais.
Un public pas si nombreux que cela, d’ailleurs la salle ne sera pas remplie complètement, qui n’empêchera pas une entrée gentiment bordélique. Muni de mon invitation, donc en mode V.I.P., je passe le contrôle sans encombre et me voit remettre un petit cadeau promotionnel, une musette de toile et une affiche-programme. Ca ne coûte pas cher à la production, ça fait plaisir aux heureux destinataires de ces pièces qui viendront gonfler ma malle aux souvenirs.
Après un court speech d’introduction par Philippe Manœuvre, en présence de Dominique Tarlé le fameux photographe de rock dans le public, la soirée en deux parties débute. D’abord et c’est pourquoi nous sommes tous ici, par le concert donné en 1971 par les Rolling Stones au Marquee de Londres. Un concert qui avait été retransmis en son temps par la télévision française, un samedi après-midi, une aubaine peu banale qu’il faut souligner ; retransmission qui mis en suées notre petite bande d’alors et qui reste liée pour moi à de nombreux souvenirs.
Ce qui frappe d’emblée, c’est le côté minimaliste du concert. Le club est très petit et l’exiguïté de la scène interdit tout jeu excentrique à Mick Jagger, sur Midnight Rambler par exemple, il ne peut pas se mettre à quatre pattes, la ceinture du pantalon comme fouet à la main, scénographie adoptée quand il évoluera dans un plus grand espace. Les spectateurs eux-mêmes sont très sages et pas très bruyants. Par contre, côté musique pure, ça assure grave. Les Rolling Stones sont à leur apogée et la présence de Mick Taylor (guitare) n’y est pas pour rien. Ses interventions sublimes, dans un style complètement différent de celui de Keith Richards, créent une opposition positive et riche à la musique du groupe. Les caméras se focalisent principalement sur Mick et si on aperçoit parfois Bobby Keyes, Ian Stewart reste le clavier invisible. L’image et le (gros) son ont été restaurés mais le format rend une image en 4x4 au carré.
Le concert dure une cinquantaine de minutes pour huit morceaux : Live With Me, Dead Flowers, I Got The Blues, Let It Rock, Midnight Rambler, Satisfaction, Bitch et Brow Sugar. La crème de la crème. Mais ce qui était le plus extraordinaire à l’époque, il présentait des titres de l’album Sticky Fingers qui ne sortirait que quelques semaines plus tard !
Après ce bain de jouvence, un entracte et la soirée se poursuit avec en complément de programme, la diffusion du film Sweet Summer Sun, paru en 2013, restitution du concert donné à Hyde Park en juillet de la même année. Je ne reviens pas sur ce film déjà chroniqué ici, disons seulement que sur l’écran géant du cinéma avec la sono à fond, ça me changeait de mon poste de télévision et je me croyais dans les conditions réelles du show.
Contraste frappant avec le film précédent. Ici la scène est énorme, le public innombrable, la puissance sonore monstrueuse et le show prend des allures d’énorme barnum et si la technique musicale a légèrement baissé, ce qui est compréhensible, la technologie moderne compense tant on en prend plein les yeux et les oreilles. Ce nouveau visionnage du film, dans ces conditions parfaites, m’a fait redécouvrir ce concert qui s’avère encore plus excitant que ce que j’en pensais alors.
Je suis sorti de la salle, heureux et le cœur léger comme un gamin. J’avais revu mes Stones, une fois encore et quoique j’en pense parfois quand je vois le temps qui passe, ce grand écart entre le concert de 1971 et celui de 2013 ne leur était pas si défavorable que cela.