J'ai oublié l'amour. Il est scellé dans cette partie de moi inaccessible, il est resté avec mon ombre aux cheveux courts. Je ne suis pas fâchée que tu ne m'aimes pas, bien au contraire ; ça aurait été encombrant, comme un manteau trop lourd dans une chaleur humide. Je me suis simplement accrochée à toi parce que tu comblais le vide. Parce qu'il y avait des ressemblances. J'ai exigé de l'univers qu'il m'offre cette consolation, comme une enfant gâtée, j'ai voulu me rouler en boule et hurler. Jusqu'à ce que ça s'arrête. Jusqu'à ce que ça reparte. Mais il n'a pas plié. L'univers. C'est comme un pansement qui se décolle, et dessous, il y a toute ces choses que j'ai enfermées dans la cave. J'aimerais l'ouvrir et te trouver à l'intérieur, m'asseoir sur le bord du lit, te taxer une clope. Tu me dirais, ça me vexe que tu me demandes. Je voudrais passer la main dans tes cheveux et te dire que ce n'est pas grave. Je voudrais t'entendre. Je voudrais me rappeler de ton odeur et de ton rire et de la texture de ta peau. Je voudrais que tu lances des objets à travers ma chambre, que tu me portes sur tes épaules, que tu te plaignes de m'avoir tout dit. Je voudrais t'entendre jouer. Je voudrais te payer des bières, frapper à ta porte, entendre ce rythme précis que tu tapes sur la mienne, rater encore une fois l'avion parce que tu dors à côté. Découvrir le pull que tu portes sous ton pull, rentrer sous la neige, te dire viens, on s'en fout des autres, viens il fait froid. Remonter la couverture sur tes épaules, te regarder trembler, te rattraper sans que tu le voies. Il n'y a pas de mots pour décrire ce que j'ai vu dans tes yeux, il n'y en a pas non plus pour réparer leur absence. Mais je voulais te dire que. Ce n'est pas terminé. Je suis encore là. Je suis encore en chemin. Je ne suis pas devenue meilleure ou pire. Je voulais te dire que ma réponse est toujours oui. Je voulais simplement te dire quelque chose, parce que, ça me manque.