L'Europe est en chute libre, l'altimètre voit rouge. Malgré cela on nous annonce que tout va bien, qu'il ne s'agit que d'un désagrément passager et que l'euro "en a connu d'autres". Il est temps de voir les choses en face. Quoi que vous pensiez de cette crise sachez une chose: c'est bien pire que ce que vous imaginez.
Devant l'abondance d'articles politico-économiques complexes, donc opaques pour la majorité d'entre nous, je vais tenter de faire concis et simple (au risque d'être parfois un peu simpliste, que les "spécialistes" me pardonnent mes approximations et/ou omissions).
La Grèce a maquillé ses comptes afin de dissimuler l'ampleur réelle de sa dette, lui permettant ainsi de répondre aux critères nécessaires à son entrée dans la zone euro en 2001. La crise économique de 2008 a achevé un pays déjà fortement endetté et miné par la corruption. L'affaire finit par apparaître au grand jour. S'en suit un affolement général des pays de l'union qui doivent désormais trouver une solution au plus vite, montrer leur détermination et leur capacité à gérer une crise (la stabilité de l'euro et la crédibilité de l'UE sur le plan international sont en jeu). Il faut à tout prix que la Grèce rembourse ses dettes ; mais dans un premier temps l'Europe et le FMI décident de "voler à son secours" avec un plan d'aide de 750 milliards d'euros. En contrepartie de cet apport massif de capitaux les Grecs doivent accepter leur mise sous tutelle financière. Le choix de leur politique budgétaire ne leur appartient plus et un plan de "rigueur" leur est imposé: réduction drastique des finances publiques donc baisse des salaires, recul de l'âge de la retraite, etc. L'euro subit de plein fouet les conséquences de l'épisode Grec et certains pays, affectueusement nommé les "PIGS", sont soupçonnés d'être tout aussi fragiles. Il faut donc prendre des mesures à l'échelle de L'UE afin d'éviter que ce genre de situation désastreuse ne se renouvelle (et ainsi "rassurer les marchés"). La commission européenne envisage donc d'établir un contrôle sur les politiques budgétaires des différents pays de l'UE, premier pas en direction d'une Europe fédérale.
Cette crise n'est pas due au hasard. Des responsabilités sont établies, des coupables sont pointés du doigt. Malgré cela cet épisode nous est présenté comme une fatalité, comme un dégât collatéral de notre mode de vie occidental (on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs). La rigueur imposée aux citoyens grecs,est donc nécessaire, inévitable, car il leur faut bien rembourser leurs dettes ; c'est comme ça que le monde fonctionne. Du moins c'est ce que l'on essaie de nous faire croire dans les mass-média...
Rien n'est moins "normal" que ce qui se passe en ce moment.
Il est crucial de comprendre que la dette des états est en majeure partie (si ce n'est en totalité) constituée des intérêts de prêts contractés auprès de banques privées. Cela vous semble peut-être normal, après tout, la société a toujours fonctionné ainsi non? Je vous conseille alors de lire ce précédent article afin de comprendre que l'emprunt étatique avec intérêts auprès de banques privées et tout sauf "normal", et qu'il s'agit d'une situation plutôt récente et totalement illégitime ( loi pompidou-giscard pour la France en 1973, article 104 du traité de Maastricht pour l'Europe en 1992). Quand vous comprendrez profondément, viscéralement, que les grecs (et nous bientôt) vont devoir se serrer la ceinture pour sauver les banques (principalement anglo-saxones ; et donc par conséquent sauver le dollar) et leur permettre (à leurs dirigeants, traders et actionnaires) de continuer à faire des bénéfices, alors vous verrez déjà cette crise Européenne d'un autre oeil...
L'état Grec a sans doute sa part de responsabilité (il est fort probable que la plupart des pays de l'UE maquillent eux aussi leurs comptes), mais les véritables criminelles sont les banques et leur système spéculatif destructeur. Vous pensez peut-être que la critique est un peu facile, sachez donc au passage que la banque chargée de maquiller les comptes de la Grèce, la Goldman sacks, en partie responsable de l'affaire des subprimes (à l'origine de la crise de 2008), spéculait sur la dette grecque, lui permettant ainsi de générer de confortables bénéfices en cas d'effondrement du pays, ce qui en dit long sur la déontologie de ces truands.
Une chose encore: ces 750 milliards promis (somme colossale, difficilement concevable), d'où viennent-ils? De nulle part! Disons plutôt qu'ils n'existent pas encore car ces sommes devront être empruntées avec intérêts auprès des banques. Où l'art de rembourser des dettes en créant davantage de dettes! Comment peut-on nous faire croire que cette politique est viable à long terme et qu'elle ne sert pas à engraisser Goldman sachs et ses amis de la vampirisation internationale?
Quant à l'intervention du FMI au sein de l'UE cela ne peut qu'effrayer ceux qui connaissent les pratiques de cette institution. Si vous n'en savez rien permettez-moi de résumer leurs méthodes: Vous êtes un pays du sud, sous-développé (donc inférieur) et vous désirez accéder au niveau de vie des plus riches (consommation frénétique, gaspillage, pillage, loisirs, etc), le Fond Monétaire International (ou la banque mondiale) vous prête donc généreusement de l'argent, que vous devrez rembourser avec intérêts (conséquents). Comme la plupart de vos amis du sud vous ne pouvez rembourser et devez vous soumettre à ce qu'ils nomment " plans d'ajustements structurels". Concrètement vous devez vous serrer la ceinture, faire des sacrifices (santé, scolarité, nourriture, etc), accepter le pillage de vos ressources et vendre vos biens publiques pour rembourser vos dettes... Que cette politique soit due principalement à de l'incompétence (comme le soutient Joseph Stiglitz, ancien directeur de la Banque mondiale), ou qu'il y ait un objectif géopolitique néolibéral ne change rien au constat suivant : Le FMI est une machine à asservir/appauvrir les peuples... Que cette "institution" prenne pied en Europe est donc plutôt inquiétant. D'ailleurs, si ce n'est déjà fait, il est plus que temps de vous interroger sur le soit disant "socialisme"de Dominique Strauss-Kahn, actuel directeur du FMI.
Il semble désormais inéluctable, à court ou à moyen terme, qu'on nous demande à nous français de faire des sacrifices pour la même raison: rembourser nos dettes. Ce n'est qu'une question de temps avant que notre politique budgétaire ne soit décidée par des gens non élus (censés représenter l'Europe), marquant ainsi un triste recul de la démocratie (déjà bien malade).
Dans notre pays, marqué par les luttes sociales, ces restrictions ne se feront pas sans heurts. Les seuls moyens de contrôler un peuple en colère sont la répression policière et la manipulation médiatique. Il est fort à parier que les deux méthodes seront utilisées ; et on essaiera, plus que jamais, de vous faire croire que vous êtes libres et que vous avez le choix (entre Sarkozy et DSK en 2012 par exemple).
Ne vous laissez pas endormir et restez vigilants! Les temps que nous vivons sont décisifs...