Pour te répondre [ " tu ébauches cette réflexion dans ta lettre, je pense que tu peux aller plus loin "], je vais déjà effectuer une première distinction, entre mauvais, et "bon" poème, mauvaise et "bonne" poésie.
Je fais donc primauté du sens sur la forme, sur le travail formel bien que je l'emploie aussi évidemment, mais dans un tout autre but. C'est pour cela que j'ai développé cette idée dans Écrire le cri, d'une poésie et d'une écriture contemporaine du dit.
Alors cela déstabilise : si on ne retrouve plus les standards d'usage, une poétique à l'œuvre, on rejette aussitôt et on dit, que. " Nous n'avons pas été sensibles à votre poésie. " Trois points de suspension ! Qui est une manière courtoise de dire : c'est de la merde, il n'y a pas de travail poétique ! "Travail", comme si je ne travaillais pas mes poèmes ! (C'est, bien au contraire, bien plus difficile de travailler, un poème, sans avoir dans sa boîte les seuls outils de la technique, qu'avec le seul primat du sens : cassures, coupures, montées de voix et bien d'autres. C'est-à-dire, le choc du sens, sa seule coulée, la seule vie en poème) Et c'est peut-être ce mot, de VIE, qui est ici important. Tu sais que je prône la pulsion (voir là encore Écrire le cri). Alors ma conclusion, car il faut toujours conclure et la rapidité d'un propos, sa concision, est toujours un gage de réussite, sera basée sur ce terme de pulsion : si la pulsion est bonne, la plus proche de sa, la, vérité intime, alors le poème sera bon, pour peu que l'on sache un tout petit peu le diriger, l'or, ganiser.
(Et à propos : connais-tu la très belle poésie linéaire de Pierre Garnier ? Par exemple, son Immaculée conception ? Elle est pleine de technique, mais qui ne se voit absolument pas. Elle est, silencieuse, et ne laisse apparaître, que les mots, purs... - Ça aussi, la poésie pure, est un concept qui a déjà été parcouru, notamment par plusieurs poètes et "mouvements". Et comme par hasard, il n'est aujourd'hui absolument pas suivi par le "milieu", alors que c'est un, TRÈS GRAND).