L’histoire se passe quelque part, dans la brousse, au Congo vers la fin de la saison sèche. En prévision des premières pluies qui n’allaient pas tarder à tomber, tous les cultivateurs se rendaient aux champs pour les travaux de défrichage. Plus une famille était nombreuse, grand était le champ à cultiver. C’est la raison pour laquelle même les enfants participaient aux travaux de champs. Tous les villageois y allaient tôt le matin et en revenaient tard le soir. Parmi eux, il y avait une jeune cultivatrice, mère d’un bébé de quelques mois, mais elle n’avait personne qui pouvait s’occuper de son bébé.
Lorsque la cultivatrice arrivait au champ, elle donnait d’abord du sein à l’enfant. Elle aménageait ensuite un bon endroit à l’ombre d’un grand arbre et le couchait lorsqu’il dormait. Enfin, elle prenait sa houe et se mettait au travail. Le problème de la jeune cultivatrice était que le bébé se réveillait après quelques minutes de sommeil et commençait à pleurer, obligeant la mère à interrompre son travail pour s’occuper de lui.
« Tu t’es déjà réveillé ? Mais qui s’occupera de toi pendant que je travaille ?», se plaignait la cultivatrice. « A ce rythme, je ne pourrai pas terminer mon champ. De quoi allons-nous vivre ? ». La cultivatrice travaillait alors des heures durant avec le bébé sur son dos, ce qui n’était pas facile. La situation de la cultivatrice avec son bébé qui pleurait tout le temps était connue de tous les villageois, mais personne ne venait l’aider.
Un jour, comme à l’accoutumée, elle vint très tôt matin avec son bébé, l’allaita, le berça du mieux qu’elle pouvait avec sa voix douce et le coucha en-dessous de l’arbre. Mais le bébé se réveilla en pleurs après seulement quelques minutes de sommeil. Grande fut la tristesse de la jeune femme qui se mit à pleurer à chaudes larmes : « Seigneur, qui pourra s’occuper de mon bébé ? Je n’ai personne ! »
Sur le grand arbre, un vieux corbeau venait régulièrement se reposer. Il écoutait chaque fois les plaintes de la cultivatrice en-dessous de l’arbre. Ce matin-là, pris de pitié, il descendit et se posa en face de la femme dans un frou-frou des ailes qui effraya cette dernière. " Jeune femme, du haut de cet arbre, j’entends toujours tes pleurs et tes lamentations." lui dit-il. " Si tu veux, je m’occuperai de ton bébé afin que tu finisses vite ton champ comme les autres. Mais tu ne diras à personne que c’est moi qui garde ton bébé" lui proposa-t-il.
La cultivatrice accepta la proposition du corbeau et l’accord fut conclu entre les deux. Le corbeau prit le bébé et s’envola avec lui, laissant la mère travailler dans son champ. A partir de ce jour-là, le corbeau venait chaque matin prendre le bébé et l’emmener avec lui, laissant la mère défricher son champ qui s’agrandissait de jour en jour. Il le lui ramenait le soir avant son retour à la maison.
Les autres cultivateurs ne tardèrent pas à remarquer le silence dans le champ de la cultivatrice, eux qui étaient déjà habitués à entendre les pleurs lointains du bébé. Une villageoise voulut en savoir plus et vint demander à la cultivatrice : « Qu’est-ce que tu fais pour calmer ton bébé ? En effet, nous avons constaté qu’il ne pleure plus comme avant ? » La jeune cultivatrice oublia le deal qu’il avait conclu avec le vieux corbeau et eut le malheur de révéler la vérité à la villageoise.
Le matin suivant, la femme allaita son bébé comme elle en avait l’habitude et le confia au corbeau. Ce dernier le prit et s’envola avec, mais lorsqu’il ramena l’enfant le soir au moment où la mère l’attendait pour rentrer à la maison, eh voilà, le bébé était mort !
Moralité : Bimpe kulama ludimi !
C'est le conte tel qu'il nous a été envoyé par mamu Adolphine Mushiya.
Lumbamba Kanyiki
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