Le Billet Amer #20

Publié le 03 juin 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

   Le Billet Amer #20  

Par L’Aigre Doux

Le gouvernement légitimé dans son action…Par qui?
Les 60% de militants qui ont soutenu la motion Cambadélis , en oubliant que 40% de ces derniers fidèles ont voté pour les deux motions concurrentes ?
Un succès à la petite semaine qui aurait pu se transformer en déroute si Martine Aubry, trahissant sans états d’âme ses amis frondeurs, n’était pas passée au dernier moment avec armes et bagages, la puissante fédération du Nord, dans le camp adverse. Une pusillanimité qui fait de la Maire de Lille la digne héritière de son père, le velléitaire Jacques Delors, célèbre pour ses refus répétés devant l’obstacle.
Quel art que la politique . Cette capacité innée que détiennent les hommes de pouvoir à transformer les réalités, à les déformer, à les interpréter afin de leur donner l’apparence qu’ils voudraient qu’elles revêtent. Un terme fait florés dans le discours polémique : l’enfumage, ce pouvoir hypnotique, fait de verbiage construit sur des demi- mensonges qui peuvent , bien présentés, prendre l’allure de demi-vérités. Oubliée dans ce contexte surréaliste l’obstination des sondages durablement installés sur l’étiage des calamiteux 20 % d’ opinions favorables.
Le prochain congrès du parti socialiste marquera la fin du mandat de Francois Hollande. Non pas que le Président mettra un terme à son quinquennat en tirant les leçons d’un échec flagrant après trois ans d’exercice du pouvoir. Mais il troquera son habit de Chef de l’Etat pour celui qui, il est vrai, lui convient mieux, de candidat. Plus la moindre réforme à attendre, plus la moindre initiative à espérer alors que le frémissement que connaît l’économie européenne devrait être accompagné en France par la libération des chaînes contraignantes qui freinent l’essor de nos entreprises
Immobilisme absolu en matière de prises de décisions et exercice de séduction intensif à travers les commémorations, les célébrations, les inaugurations, vont scander les deux années à venir jusqu’à l’échéance de 2017.

Le Président astique les formules que le candidat Hollande décernera au bon peuple en espérant que,comme en 2012, il avalera les couleuvres qui lui ont permis d’être élu.
Du réchauffé qui risque de rester en travers de la gorge des millions de cocus du « Moi, Président « .

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Le monde politique n’a pas le triste privilège des luttes impitoyables pour la conquête ou la conservation du pouvoir. La crise qui secoue l’univers du football à travers les accusations de corruption portées par la justice américaine contre de hauts dirigeants de la FIFA et l’arrestation spectaculaire de plusieurs d’entre eux à Genève où doit se tenir son congrès, en donnent l’illustration éclatante.

Sous la consternante affaire de malversations, de pots de vin, de manœuvres et de pressions qui constitue la trame de ce psycho drame, se joue en effet une partie de bras de fer entre le Président sortant de cet organisme mondial, le Suisse Sepp Blatter, indéboulonnable à son poste depuis 1998 et qui sollicite un nouveau mandat et son challenger annoncé, Michel Platini. Un remake autour du ballon rond de ce qu’on a connu, dans l’autre domaine, à travers les duels sans merci entre Giscard et Chirac, Mitterrand et Rocard, Chirac et Balladur et encore Chirac et Sarkozy.
Car l’enjeu est colossal. Le Président de la FIFA détient en effet un pouvoir économique, politique, social, qu’aucun Chef d’ État, pas même le Président américain, ne peut égaler. A la tête d’un véritable empire qui étend son emprise sur plus de nations ou territoires que n’en compte l’ONU, à travers des fédérations dont les présidents attendent tout de lui, de même que les états qu’ils représentent, il exerce une influence sans partage, celle de l’homme qui peut octroyer les plus grandes manifestations sportives mondiales a tel ou tel pays. Avec un budget toujours excédentaire, le rêve inaccessible de tous les ministres des finances , qui permet de s’assurer les soutiens des uns, les appuis des autres, il règne en maître incontesté depuis bientôt vingt ans sur cet univers magique qui fait fantasmer des milliards de fans dans le monde Comment malgré les critiques, les soupçons, les accusations voilées, le discrédit ,se résoudre à abandonner la place?
Michel Platini s’est lancé dans un combat périlleux. Vladimir Poutine lui même s’est exprimé pour soutenir Blatter, la FIFA lui ayant confié l’organisation de la coupe du monde en 2018. L’issue reste donc incertaine, la grande majorité des États Africains étant favorables au Président sortant.
Si en définitive l’élection est maintenue dans le contexte nauséeux actuel malgré la demande de report formulée par Platini, c’est sans doute que le Président sortant est sûr de son coup. Le carton rouge n’est sans doute pas encore d’actualité .

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«  Dans la lutte contre le chômage on a tout essayé… ». Cette déclaration désabusée et résignée de François Mitterrand, peu de temps avant de se voir infliger une seconde cohabitation à la fin de son dernier mandat présidentiel, doit résonner en boucle dans l’esprit de son disciple François Hollande, parvenu 20 ans plus tard au sommet de l’Etat.

A l’heure où les mauvaises nouvelles sur le front de l’emploi s’accumulent, chaque record du nombre de chômeurs étant battu le mois suivant, les socialistes peuvent chercher une consolation dans cet aveu d’impuissance du plus illustre d’entre eux.

Cette malédiction qui touche tous les gouvernements, pas seulement les socialistes, est un mal proprement français. En réalité, aucune majorité n’aura eu la capacité de tout essayer. Le gel de banquise de notre corps social, la rigidité absolue des partenaires sociaux, la défense intraitable des droits acquis que leur dénonciation permanente ne parvient pas à effriter, limitent considérablement pour les gouvernants leur autonomie de décision et d’action. Le domaine du possible se heurte très vite à ses limites étroites. Les millimétriques avancées de la Loi Macron ont déclenché de très vives réactions syndicales et politiques, alors qu’il aurait fallu, pour desserrer la gangue asphyxiant notre économie, y aller au bulldozer.

La gauche au pouvoir ne peut agir en ce domaine, malgré sa proximité avec les grandes centrales syndicales, bridée qu’elle est par le cosmopolitisme idéologique de la coalition de gauche au parlement. Quant à la droite, la moindre initiative prise pour appliquer les réformes qui s’imposent amènent une paralysie générale du pays qui l’a contrainte dans le passé, Alain Juppé et Dominique de Villepin s’en souviennent encore, à une pitoyable et humiliante retraite.

Malgré le redémarrage de la croissance en Europe, la France reste donc à la traine, la période de crise n’ayant pas été mise à profit, comme en Allemagne, en Grande Bretagne, en Italie et même en Espagne et au Portugal pour imposer les mesures drastiques que justifie la situation. Ce sont pourtant des socialistes comme Tony Blair ou Gérard Schroeder qui ont eu le courage politique de s’y atteler dans le passé pour leur pays. Idem aujourd’hui pour le premier ministre de gauche Matéo Renzi en Italie. Preuve que le mal français est spécifique, déconnecté des clivages politiques. Ce qui n’incite pas à l’optimisme.

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Certains croient déceler les prémices des grandes catastrophes naturelles, tremblements de terre, tsunamis, éruptions volcaniques, dans le comportement des animaux, la couleur du ciel ou le vol des oiseaux. La démission surprise de Sepp Blatter, quelques jours après sa réélection contestée à la tête de la FIFA, constitue sans doute, et plus surement, l’annonce d’un cataclysme à plusieurs dimensions appelé à ébranler beaucoup plus que le monde du football au centre de la tourmente.

Les explications avancées par le président démissionnaire pour justifier son renoncement n’ont convaincu personne. A l’évidence, il s’est passé quelque chose de grave depuis le sacre de Genève pour le contraindre à ce départ brutal que n’annonçait pas son triomphalisme revanchard du soir de l’élection. La bulle malodorante du foot business va peut-être en cette circonstance, éclater enfin. Mais les dégâts collatéraux risquent de causer des répercussions aux effets insoupçonnés dont le discours de Poutine, à propos de « l’ingérence » américaine dans l’affaire, donne la vraie dimension.

Si corruption à grande échelle il y a eu, elle est de nature à remettre en cause les décisions prises par l’organisme gestionnaire du football à l’échelle mondiale. Pour l’Afrique du Sud en 2010, c’est trop tard, pour la Russie en 2018 et le Qatar en 2022, en fonction des dimensions que prendra le scandale, les conséquences peuvent être extrêmes. D’où la mise en garde du Président Russe qu’il ne faut pas prendre à la légère. Quant au Qatar, dont la collusion avec l’Etat islamique est de plus en plus dénoncée, ainsi que les conditions de travail insoutenables des ouvriers occupés à construire les stades, il vient de perdre pour ces raisons le sponsoring du Barça. Gageons que, comme les russes, les qataris ne sont pas disposés à se laisser malmener. Les mesures de rétorsion, diplomatiques pour les uns, économiques pour les autres, sont des armes redoutables dont l’utilisation peut entrainer des réactions en chaine difficilement appréciables.

Consécration ou consternation, le ballon rond est-il devenu une constante d’ajustement ou de perturbation des relations internationales ? A suivre…avec appréhension.

 L’Aigre Doux


*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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