Après un buzz savamment orchestré, le projet 17 mai a été dévoilé. Sans surprise, il concerne l'homophobie.
Sous l'impulsion de
Il faut dire que la structure du projet lui-même détruit beaucoup les intentions des auteurs. Très vite, le lecteur voit bien que l'on parle d'homosexualité. Donc, toutes les BDs dont la chute était basé sur "vous pensez hétérosexualité mais en fait ce personnage est homosexuel" tombent à plat. Mais là encore, c'est aussi la faute des auteurs qui n'ont pas fait preuve d'originalité. Passons sur les histoires gnangnan de filles ou garçons dans un lit qui se font des câlins et qui se disent qu'ils s'aiment...
Heureusement, certains auteurs font preuve d'un peu d'originalité. On pourra citer 2D qui détourne intelligemment l'insulte "pédé" ou Boutanox qui démarre sur le fait que l'auteur a cru qu'il devait dessiner contre les homosexuels, une façon de parler des clichés avec originalité. Caroline Guillot nous gratifie d'une chute efficace. Sess & Nine retourne le problème. Gally fait dans l'excès. Dommage que ces histoires originales soient finalement très minoritaires et noyées dans la masse.
Faire un projet entier basé sur l'homophobie est à mon sens une erreur, même en partant d'une bonne intention. Cela victimise la communauté homosexuelle. On est loin du talent de Ralf König qui passa sa carrière de bédéaste à utiliser le carcan de l'homosexualité pour raconter des histoires, rendant avant tout cette communauté sympathique et attachante, sans pour autant jeter un voile pudique sur ses pratiques. De même, dans "Comédie sentimentale pornographique", Jimmy Beaulieu écrit des histoires d'amour entre hétéros ou homos de façon complètement indifférenciée, montrant que sexualité et amour sont vécus de la même façon quel que soit le sexe en face. Peut-être que traiter frontalement et uniquement ce sujet n'est pas le meilleur moyen de faire avancer la cause.