Après plus de deux semaines de révisions à l'école, Loulou m'annonce de but en blanc mercredi qu'il ne connaît pas grand chose. Ses examens de fin d'année commencent lundi prochain et là dans ma tête, c'est la catastrophe. L'horreur. L'apocalypse. La fin du monde. Tout ça en une fraction de secondes. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Je lui explique alors qu'il n'a pas de craintes à avoir, que ces examens ne sont qu'une répétition de tout ce qu'il a apprit au cours de l'année mais rien n'y fait, il pleure, est fatigué de l'école et surtout d'étudier. Il ne veut plus rien savoir.
J'ai envie de pleurer moi aussi. Mon boulot qui m'épuise énormément, le fait qu'un seul agent travaille pour 5 actuellement. Je suis fatiguée aussi bien physiquement que moralement. Et là, mon fils qui me fait comprendre qu'il va rater son année. J'ai envie de hurler. D'ailleurs, plus tard, face à son attitude lorsque je lui explique comment bien étudier et surtout bien retenir, en effet, je hurle. Je suis fatiguée et alors que je pensais pouvoir rentrer du boulot, me changer et me coucher dans mon canapé, dans le silence le plus total, je vais devoir faire réviser toute son année à mon fils. Ô joie !
Premier examen de lundi : Géographie. Après avoir revu les régions et leur chef-lieu, chose que Loulou maîtrise admirablement bien, place aux définitions de fleuve, affluent, amont, rivière, confluent et compagnie. Et là c'est le cauchemar. Après avoir entendu ma question, il regarde aux alouettes. Longtemps. Très longtemps. Trop même. J'en arrive à me demander s'il ne fait pas qu'attendre que la réponse lui tombe sous les yeux. J'ai beau lui faire relire les 8 mots à retenir, j'ai beau le faire recopier les mots et leur définition, j'ai beau lui expliquer avec des mots qu'il comprend, non, il refuse de faire entrer ça dans sa mémoire. Pourtant il connaît. Il a eu un examen en décembre sur cette matière mais il semble avoir tout oublié. Je tente de garder mon calme face à ses larmes. Qu'est ce que je suis fatiguée. Mon canapé et ses bras réconfortants me manquent.
Je décide d'en rester là après deux heures de ce que je catégoriserai de "combat". Je lui demande de me recopier une fois encore les mots et leur définition. Et j'entends par là recopier intelligemment, c'est à dire retenir les mots. Je lui demande aussi que pour demain, il me le recopie deux fois encore. Il faut que ça rentre et surtout qu'il comprenne les définitions parce que Madame la prof peut aussi simplement mettre un plan et demander de placer les bons mots aux bons endroits. Si la définition n'est pas comprise, c'est fichu.
Alors aujourd'hui, je décide de regarder ses trois copies... Ha ben non, il n'y en a que deux. Loulou m'invente ne pas avoir comprit que je voulais trois copies au total. Soit, je ne vais pas me fâcher avec ça, j'ai l'habitude qu'il n'écoute toujours qu'à moitié, et ce malgré le fait que je répète énormément, justement à cause de ça.
Je lui demande s'il connaît ses définitions à présent. Il me répond que oui. Je lui demande si je peux le questionner à ce sujet. Il me répond par l'affirmative à nouveau. Première question. Silence radio. Pas de réponse. Rien. Le néant. Ça commence bien. Je lui rends sa feuille et lui demande de les revoir. Quelques dizaines de longues minutes plus tard, on essaye à nouveau. Première question et réponse directe. Seconde réponse, il me répond aussi. Troisième question et... Ha ben non, c'est fini. Silence radio. Re-lecture de sa feuille.
Mon fils aura ma peau.
Bien entendu, Loulou et moi avons été soutenus par un de mes chats, Eden, qui a trouvé que si je désirais faire retenir des définitions à Loulou, j'avais qu'à les apprendre moi aussi. Elle s'est couchée sur la feuille
Au bout d'un nombre incalculable de minutes et d'essais, ça y est, il jongle avec les définitions. J'ai envie de faire ma fameuse danse de la victoire. J'ai envie de hurler de joie. J'ai envie d'aller chanter sous la pluie, même si aujourd'hui, il fait plein soleil. Tiens d'ailleurs, pourquoi ce n'est pas moi qui fait la pluie et le beau temps ??
Chéri prend la relève pour les calculs écrits et mentaux ainsi que pour les problèmes. Il y a quelques petites fautes mais ce sont surtout des soucis de concentration. Il faut dire que Loulou aime faire vite pour avoir vite fini et enfin faire quelque chose qu'il aime. Je le comprends, je ne peux pas lui donner tort mais on a pas le choix et il faut s'y coller.
Pour terminer, je reprends la main avec les chiffres romains et là, je suis contente, Loulou m'avoue qu'il ne maîtrise pas. Je lui donne quelques petits moyens mnémotechniques et surtout je place de l'humour dans pas mal de petites choses. Il apprécie et surtout, il retient. Je suis contente et lui aussi. Nous restons sur cette petite note positive
Demain, nous attaquerons un peu de français. Ça c'est ma branche, celle où j'étais toujours forte à l'école. On révisera une fois encore les affluents et compagnie, en espérant que la nuit l'air été à retenir.
Ce soir, mon lit sera mon meilleur ami. On ne va pas se quitter.