En mars, le régime saoudien avait exprimé sa surprise devant les critiques de la peine imposée au jeune homme de 31 ans et avait dénoncé toute intervention étrangère dans ses affaires internes.
Décision sans appel
« La Cour suprême a confirmé la décision d'infliger à Raef 10 ans de prison, 10 ans d'interdiction de sortie du royaume et 1000 coups de fouet », a déclaré la femme du blogueur, Ensaf Haidar, ajoutant que cette décision est « sans appel ». Elle était interrogée au téléphone par l'AFP depuis Sherbrooke où elle s'est installée.
Mme Haidar a indiqué craindre que les séances de flagellation reprennent rapidement, peut-être « à partir de la semaine prochaine ».
Animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, Raif Badawi est emprisonné depuis 2012.
Farouche défenseur de la liberté d'expression, son site internet avait demandé la fin de l'influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme, une stricte version de l'islam.
Indignation mondiale
La condamnation de Raif Badawi à la prison et à la flagellation a été condamnée un peu partout dans le monde, l'ONU dénonçant une sentence «inhumaine» et de nombreuses associations de défense des droits de l'Homme exigeant la libération immédiate du blogueur.
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Dimanche, Amnesty International s'est insurgée contre la décision de la Cour suprême saoudienne. « Il est odieux que ce jugement cruel et injuste ait été maintenu », a dit Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
En refusant de revenir sur cette condamnation, les autorités saoudiennes « ont fait montre d'un mépris impitoyable vis-à-vis de la justice et des dizaines de milliers de voix qui ont appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle à travers le monde », a-t-il ajouté.
Madame Haidar avait d'ailleurs été invitée à l'émission de TLMP (Tout Le Monde En Parle). Elle était accompagnée de la militante Mireille Elchakar.
Le blogueur a reçu les 50 premiers de fouet en janvier, mais depuis, toutes les autres séances de flagellation, prévues pour chaque vendredi, ont été reportées, officiellement pour des « raisons de santé ».
Au Québec, plusieurs manifestations pour exiger la libération de Raif Badawi se sont tenues ces derniers mois, notamment devant l'Assemblée nationale. Amnistie internationale s'est impliquée dans ce dossier, mais ses interventions ne semblent pas avoir ébranlé les autorités saoudiennes.
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Rappelons que Raif Badawi (en arabe : رائف بدوي) est un écrivain et blogueur saoudien, créateur en 2008 du site Free Saudi Liberals sur lequel il militait pour une libéralisation morale de l'Arabie saoudite.
Accusé d'apostasie et d'insulte à l'islam, il est emprisonné depuis juin 2012. Il a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 années de prison. Son avocat Waleed Abu al Khair est également emprisonné.
L'application de la sentence de flagellation a débuté le 9 janvier 2015, suscitant des protestations de plusieurs gouvernements puis de l'ONU.
L'Arabie saoudite, berceau du wahhabisme (version rigoriste de l'islam), est un royaume ultraconservateur.
Toute critique de la dynastie des Al-Saoud, des institutions religieuses et de l'islam est passible de poursuites judiciaires.
Le royaume est par ailleurs régulièrement épinglé par les ONG de défense des droits de l'Homme pour ses exécutions par décapitation. Pas moins de 90 personnes ont déjà été exécutées depuis le début de l'année.
L'Arabie-saoudite avait par ailleurs publié une offre d'emploi le 19 mai dernier afin de recruter huit bourreaux pour exécuter, par décapitation, un nombre important de condamnés à mort.
Outre le trafic de drogue, le meurtre, le viol, le vol à main armée et l'apostasie sont passibles de la peine capitale dans le royaume saoudien, régi par une version rigoriste de la loi islamique.
Dans le rapport 2014 d'Amnesty international, l'Arabie saoudite figurait parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes dans le monde avec la Chine, l'Iran, l'Irak et les Etats-Unis.
Une pétition #JeSuisRaif est toujours en ligne grâce à Amnisty International. Nous vous invitons à la signer et à l'envoyer au ministre canadien des Affaires étrangères, Rob Nicholson pour lui demander de faire plus dans l'affaire Raif Badawi.
Source : TVA Nouvelles, Wikipédia et la Presse Canadienne
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