Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.
A Monsieur Juppé
Par le Général (2s) Antoine MARTINEZ
Lettre ouverte à Monsieur Alain Juppé
en réponse à son appel aux Français du 4 février 2015
Monsieur le Premier ministre,
Dans un texte rendu public le 4 février, vous appelez les Français à vous rejoindre en s’engageant directement en particulier sur les réseaux sociaux ou en vous donnant les moyens matériels de votre action par un soutien financier afin d’élaborer » le projet pour l’avenir de la France « .
Il semble que vous preniez enfin conscience – il aura fallu que les événements tragiques que la France vient de vivre crée un électrochoc – de l’état de la fracture identitaire qui conduit notre pays au désastre et vous considérez » qu’il est temps que les Français réfléchissent et travaillent ensemble à leur avenir » car il faut » préparer la France à affronter les défis du monde d’aujourd’hui et de demain « .
Vous permettrez à un citoyen qui a servi l’État et la Nation sous l’uniforme et qui n’a pas attendu votre appel pour se sentir concerné par l’avenir de notre pays de considérer votre démarche d’aujourd’hui inopportune et inconvenante.
Elle est, en effet, inopportune car, pour le citoyen ne militant dans aucun parti politique mais observateur attentif de la vie politique que je suis, votre démarche ne trompe personne. Il est clair qu’elle est la traduction d’une ambition présidentielle dévorante qui vous pousse à agir contre l’intérêt même de votre propre parti. Car votre appel n’intervient pas à n’importe quel moment. Le rattacher aux événements dramatiques du début janvier ne relève que d’une opération tactique politicienne à laquelle nos responsables politiques – toutes tendances confondues d’ailleurs – ont habitué nos concitoyens depuis longtemps. A la vérité, votre appel intervient au lendemain d’une réunion du bureau politique de votre parti qui a mis en évidence d’importantes dissensions sur l’attitude à adopter pour le second tour de l’élection législative partielle du Doubs et a provoqué, en fin de compte, la mise en minorité de son président, ancien Chef de l’État. Vous espérez ainsi accentuer la mise en difficulté de votre adversaire direct pour la candidature à l’accession de la magistrature suprême. Cela dit, par votre aveuglement, vous risquez de provoquer la fracture, voire l’explosion de votre propre parti.
Mais plus que inopportune, votre démarche est surtout inconvenante à plusieurs titres.
Tout d’abord, vous affirmez que » les terribles événements de ce début d’année nous montrent qu’il est temps que les Français réfléchissent et travaillent ensemble à leur avenir … car les solutions à nos difficultés ne viendront pas des seules élites qui n’ont pas toujours perçu les évolutions de notre société et de nos besoins ».
Quelle inconscience ou quelle arrogance ! De ces deux termes, lequel est le plus approprié ? J’aurais tendance à privilégier le second car c’est prendre les citoyens pour des demeurés. En effet, ne pensez-vous pas qu’il serait plutôt temps que ce soit nos » élites » qui se décident enfin à réfléchir et à travailler ensemble à l’avenir de la France au lieu de se battre pour gagner le pouvoir et s’y accrocher sans se soucier du bien commun ? Ne pensez-vous pas que pendant ces quarante dernières années nos élites politiques ont failli à leur mission première qui consiste à maintenir et à défendre l’unité et la sécurité de la nation car elles ont renoncé à nos valeurs et à nos principes républicains par laxisme, déni des réalités, démagogie, clientélisme, manque de courage et absence de vision ? Peut-être ne le savez-vous pas, mais les Français passionnés et soucieux pour l’avenir de leur pays – mais à qui on ne demande jamais leur avis – n’ont pas attendu votre appel pour prendre conscience et débattre de ce que vous ne voulez pas nommer, c’est à dire les conséquences désastreuses provoquées par une immigration massive et incontrôlée, de surcroît hostile à nos valeurs. On en voit les résultats avec les événements dramatiques du début de l’année. Ils ne vous ont pas attendu pour réfléchir et déterminer la cause de leur malheur, c’est à dire le laxisme, l’absence de clairvoyance et le manque de courage de nos » élites « . Écoutez-les au lieu de les solliciter parce que vous avez besoin de leurs suffrages. Je fais partie de ces Français fidèles à leur héritage historique, culturel et spirituel et déterminés à le défendre et j’essaie, pour ma part et à mon humble niveau, d’apporter ma contribution à un débat que nos » élites » tentent d’étouffer depuis de trop nombreuses années mais que vous ne pourrez plus éluder très longtemps, tant la situation de notre pays devient explosive. On ne peut être que consterné devant un tel manque de clairvoyance et une telle mauvaise foi de la part d’un homme politique qui a pourtant exercé de très hautes fonctions et n’est donc pas un novice. Car vous le reconnaissez à demi-mot, et encore, en restant très flou lorsque vous admettez que » les solutions à nos difficultés ne viendront pas des seules élites qui n’ont pas toujours perçu les évolutions de notre société et de nos besoins « . Vous prenez bien garde de ne pas expliciter de quelles évolutions il s’agit car vous en êtes, avec d’autres, pleinement responsable. Et vous n’êtes donc pas crédible lorsque vous dites que les élites n’ont pas toujours perçu les évolutions de notre société. Bien sûr que si, vous les avez perçues depuis longtemps ou alors il faut vraiment être idiot ce qui n’est pas concevable chez un professionnel de la politique. Vous les avez même favorisées ces évolutions. Cela fait au moins trente ans que certains essaient d’alerter sur les dangers qui menacent à terme notre nation. Mais il est plus facile de nier l’évidence et de vilipender et d’ostraciser les sonneurs de tocsin. Jusqu’au jour où l’incendie n’est plus maîtrisable. Alors, si vous voulez élaborer un projet cohérent pour la France, il faut au préalable faire le bon diagnostic et pour cela déterminer les causes de nos problèmes et les traiter, car sans traitement des causes, point de salut.
Mais ne nous y trompons pas. Ce n’est pas la situation économique de notre pays, certes préoccupante, qui pousse une partie de l’électorat de plus en plus importante vers un parti dont tous les sondages indiquent que sa candidate sera présente au second tour de l’élection présidentielle de 2017. La raison vous ne pouvez pas ne pas la connaître : c’est le laxisme de nos élites politiques oubliant ou renonçant lâchement à l’intérêt de la nation qui a conduit pendant une quarantaine d’années à l’arrivée continue sur notre sol, sans que cela soit justifié, sans que cela soit corrigé, d’une immigration de peuplement de culture totalement différente de la nôtre devenue aujourd’hui, pour une partie, non seulement inassimilable mais dont le nombre invalide tout espoir d’intégration à notre société.
Vous avez donc, avec d’autres, renoncé à ces valeurs et à ces principes qui ont fait la France et sa richesse jusqu’à la fin des années 1970, grâce à l’assimilation, seul principe qui rend la diversité vivable car elle permet précisément l’avènement d’un fort sentiment d’appartenance à une nation et d’une volonté affirmée d’unité nationale.
Alors, non Monsieur Juppé, l’assimilation n’est pas un non-sens comme vous le prétendez. Non, nous ne voulons pas de votre » identité heureuse » que vous prônez par lâcheté et dont on ne perçoit d’ailleurs pas en quoi elle pourrait être heureuse car elle donnerait naissance à une société biculturelle du fait de l’instauration du communautarisme que vous favorisez en courtisant l’islam. Il s’agit plutôt d’une identité malheureuse qui conduira – l’actualité nous le démontre chaque jour – à la violence et à l’affrontement. Il faut bien rappeler, puisque vous semblez l’oublier, ce qu’est l’identité d’un peuple – quel qu’il soit d’ailleurs – mais en l’occurrence la nôtre à laquelle nous sommes attachés. Ce concept repose en fait sur un socle comprenant trois volets : une Histoire, une culture avec sa langue, le français, et un mode de vie. Et c’est l’adhésion à ce socle, à cet héritage, à cette mémoire qui crée les conditions du vouloir vivre-ensemble et garantit notre unité pour former des projets communs. Or, force est de constater qu’une partie importante de cette immigration extra-européenne refuse l’adhésion à ce socle et cherche à imposer sa vision du monde. Elle n’a donc pas sa place chez nous. Vous conviendrez, dans ces conditions, qu’il y a un réel problème qui nécessite de la part de nos élites politiques un minimum de clairvoyance et de fermeté car il est de leur devoir de défendre notre héritage, de le faire fructifier et de le transmettre à nos descendants et non pas de le sacrifier sur l’autel de leurs propres intérêts électoraux.
Je ne répondrai donc pas – mais vous l’aurez compris – à votre appel et à votre demande de soutien pour l’élaboration de votre projet pour l’avenir de notre pays car il ne peut qu’aggraver une situation déjà bien compromise de cette France que nous aimons mais que nous ne reconnaissons plus. Seuls le rétablissement de l’autorité de l’État avec l’application ferme de la loi républicaine sur tout le territoire sans exception, la refondation complète de notre politique d’immigration, la réforme de notre code de la nationalité, le rétablissement des missions fondamentales de l’école de la République, l’incitation au retour, voire le renvoi dans leur pays d’origine de tous ceux qui refusent nos valeurs et principes de vie pourraient favoriser une inversion du cours néfaste des choses et doivent donc être envisagés. Mais je ne pense pas que ce soit la voie que vous retenez pour votre projet. J’ajouterai, enfin, que rien ne sert de jeter l’anathème sur un parti politique qui ne cesse de gagner des voix aux différentes élections si vous ne vous posez pas la seule question qui vaille : pourquoi ?
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma haute considération.
Le 06 février 2015
Général (2s) Antoine MARTINEZ
*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur***
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L’article à lire absolument : Voter Juppé c’est voter à gauche
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