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C’était dans le journal … le 9 juin 1915

Publié le 09 juin 2015 par Zappeuse

Parce-qu’il faut bien nourrir les hommes partis au front, parce-qu’une partie du cheptel a disparu suite à la guerre, parce-que les campagnes sont parfois délaissées (femmes aux champs, mais aussi à l’usine, qui va traire les vaches ?), parce-que des petits malins spéculent sur les prix des denrées alimentaires, parce-que c’est donc la guerre, le prix de la viande a fortement augmenté en France en 1915. À tel point que les élus s’en émeuvent : le 4 juin, le conseil municipal de Reims analyse la situation, et conclut que c’est bien la livraison de viande aux armées qui crée la rareté (et donc le coût élevé) sur les marchés. Trois semaines plus tôt, le ministre de l’Agriculture a même fait adopter par la Chambre des députés un projet de loi visant à autoriser l’importation de viandes surgelées venant du continent américain (d’après Jean-Yves Le Naour).
Capture d’écran 2015-06-09 à 16.54.56Il n’est donc pas étonnant que la presse et les lecteurs de celle-ci s’émeuvent de cette hausse des prix. Dans son numéro du mercredi 9 juin 1915, Le Petit Journal publie la lettre d’un « boucher, retiré des affaires », qui a sa propre analyse du problème. Selon ce monsieur, la faute en revient aux ménagères, du moins à celles « qui ne connaissent qu’une chose, faire vite et ne pas faire la cuisine ». Air connu … Ces dames, plutôt que de mitonner de bons petits plats avec les moyens du bord seraient donc tentées d’acheter des morceaux nobles (donc hors de prix), qui ne nécessitent qu’un peu de cuisson pour être savoureux. Notre boucher vante alors les « morceaux de basse qualité » car « il y en a de bons ». Il conseille aux ménagères de se lancer dans la cuisine du pot-au-feu, qui permet d’avoir une bonne soupe en plus de la viande et des légumes. S’en suit toute une série de prix, montrant de manière plus ou moins habile que si madame se ruine en faisant les courses, c’est de sa faute : « si les ménagères savaient s’arranger, elles y trouveraient de l’économie et vivraient même mieux ». Bref, bobonne est sotte ! … mais pas le boucher du coin : « s’il ne vend pas sa basse boucherie, il est obligé de vendre plus cher les premiers morceaux ».

Pot_au_feu2

Photo de pot-au-feu : wikipédia


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