Liu Bolin ou le camouflage dissident

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Homme invisible ayant dompté l’art du camouflage Liu Bolin se fait photographier en situation dans les villes. Est-ce une simple démarche artistique ? Ou une protestation silencieuse contre les autorités chinoises ? Il semble qu’il y ait eu dans sa démarche artistique deux étapes. La 1^ère où simple artiste il exprimait son talent de façon légère, utilisant des autres personnes comme faire valoir, s’incorporant dans un contexte traditionnel, s’inspirant des médias pour montrer l’identité moderne de la Chine et les changements de cet immense pays en mutation.

Puis ces clichés prennent une autre dimension. Il se fait photographier dans des lieux symboliques montrant un personnage en proie à l’impuissance face au contexte social. Le déclic semble être pour l’artiste contestataire, la destruction, par le gouvernement chinois, du village artistique de Suo Jia Cun en novembre 2005, où se trouvait son atelier. En résonnance, il décide d’utiliser son art en protestation silencieuse, donc de disparaitre aux yeux de tous, tout en restant parfaitement visible par des slogans qu’il affiche sur son corps que le spectateur ne peut pas ignorer. Son œuvre suscite un certain malaise. C’est sa façon d’entrer en dissidence et devenir un activiste en disparaissant et se fondant dans le paysage.

Pour se mettre en situation, il repère d’abord l’endroit où il se fera photographier, puis il se peint lui-même dans les couleurs du paysage. Ce travail peut lui prendre jusqu’à 10 heures. C’est ensuite seulement que ces assistants le photographieront.