Je sens les plaques tectoniques de mon cerveau se frotter les unes contre les autres.
Je dois m’y habituer, elles sont comme mes thermomètres internes.
Je suis rentrée à pied de chez mon amie, il était minuit et il faisait encore bon dehors.
J’avais mes écouteurs, c’était Evanescence, ça date mais sa voix à vraiment le don de me faire envoler.
Sur la route, comme toujours, je pense à plein de choses, en particulier à ce ciel tout noir au dessus de moi.
On dirait le plafond du monde, chaque petite étoile devenant ainsi une araignée d’argent attachée à un fil de soie. Mieux qu’une araignée, une luciole en route pour la lune.
Il ne m’en faut pas plus, une idée, une pensée et l’étincelle se transforme en incendie bouillonnant. Alors la partie de Ping Pong mentale reprend de plus belle.
En quelques millièmes de secondes je deviens obsédée par l’infini et par le vide. Je regarde tout là haut, jusqu’à m’y perdre. Jusqu’à me perdre dans ma tête. Les nuages, le ciel, les étoiles, les autres planètes. Je veux voyager dans l’inconscient, et plus je vogue dans cet infini plus j’ai le vertige. Comment définir l’indéfinissable, l’infini, l’inconnu le plus total.
Un jour je trouverais une échelle géante, et je montrais tout en haut, juste pour voir ce qu’il s’y passe. Je m’attacherais à une corde et je sauterais dans les trous noirs.
Plus je pense à l’infini, plus je m’approche d’un gouffre mental. Je le traverse pied nu sur un fil de fer.
En bas, je le sais il y a la mort, cette cascade sans fin. Impossible de ne pas y penser, de ne pas vouloir la comprendre. C’est un peu comme penser à ce qu’il y avait avant notre naissance. Il y a le noir et c’est tout.
Point…
Mais à quoi ressemble le noir, quand on n’est pas conscient que c’est du noir ?
Ce dont je suis sure, c’est que quand je serais morte et que je serais un esprit. La première chose que je ferais c’est monter haut, très haut. Aller voir de moi-même à quoi ressemble la terre. Ensuite je ferais le saut en parachute sans parachute le plus fou au monde.
Après ça je peux vous promettre que je ne vous lâcherais plus. Je passerais ma mort à venir vous hanter, je vous chatouillerais les orteils, quand vous serez sous la douche, je baisserais le thermostat, et surtout, Oh oui surtout, j’attacherais les lacets de votre chaussure droite avec ceux de votre chaussure gauche.
Juste pour être sure que vous ne m’oublierais pas