Magazine Bd & dessins

Le cinoche à Jules-Mad Max : Fury Road

Publié le 16 juin 2015 par Jules

Mad-max-fury-road

Revenons un peu en arrière.

Il était une fois un certain Georges Miller, médecin urgentiste dans un hôpital de Sydney en Australie. La rencontre avec un certain Byron Kennedy, un fan de cinéma et de BD comme lui, lui fait tout plaquer pour tenter sa chance en tant que metteur en scène. Constatant la recrudescence de décès dus aux accidents de la route, Miller décide de réaliser un film sur le sujet. Au milieu des années 70, le cinéma d’exploitation Australien connait un véritable boom connu à l’époque sous le nom d’ « Ozploitation ». Des films de « série B » pleines de sexes et de violences gratuite destinés à être diffusés dans tout les bleds Australien. Et c’est exactement ce que projettent de faire Kennedy et Miller avec le premier « Mad Max ».

« Je suis l’aigle de la rouuuuute ! »

Mais Georges Miller n’est pas n’importe qui et bien que novice en la matière il réalise avec « Mad Max » un véritable exploit. Doté d’un budget totalement ridicule et d’une motivation sans limites, il met en scène cette histoire ultra classique de vengeance comme si il filmait l’apocalypse, la fin d’un monde, celui des années 70’ et du choc pétrolier. Miller soigne ses cadrages et iconise à mort ses personnages (le premier traveling sur Max qui lui confère d’entrée le statu d’héro mythologique). De plus il commande au compositeur Brian May (pas le guitariste, l’autre) une musique de péplum qui donne une dimension « énorme » à chaque scène. Combiné ensemble, tous ces éléments vont donner un caractère universel au film et grandement contribuer à son succès planétaires (un des films indépendant les plus rentables de l’histoire).

Conscient d’avoir marqué l’inconscient collectif avec ce premier opus (Mad Max est un Western pour les américains, un Chambara pour les Japonais, un film de chevalerie pour les Européens…) Miller va totalement intégrer l’aspect mythologique au scénario du deuxième épisode. Il s’inspire du « Monomythe » de Joseph Campbell et livre avec « Mad Max 2 » sans doute le chef d’œuvre du film post apocalyptique. Il crée pour l’occasion une esthétique inoubliable repris un nombre incalculable de fois (cinéma, BD, Anime*), et fait également au passage de Mel Gibson une star internationale.

« We don’t need another hero. »

Après un troisième volet cohérent mais oubliable, Miller laisse tomber la franchise « Mad Max » pour se concentrer sur d’autres projets. « Les Sorcières d’Eastwich », le drame médicales « Lorenzo », « Babe 1 et 2 », « Happy Feet » sont autant d’incursions dans des genres très différents attestant que le génie de Miller ne se limite pas à filmer comme personnes des poursuites de bagnoles dans le désert. Cependant l’idée de réaliser un quatrième volet des aventures du « Road Warrior » fait son chemin. De plus suite à un deal avec la Warner (contre l’abandon du projet « Contact », film finalement réalisé par Zemeckis), il récupère les droits du personnage. Après avoir envisagé à la fin des années 90 un film où Mel Gibson passerait le flambeau à un nouveau Max (Heath Ledger fût un temps pressentit) le projet finis par être abandonné faute de financement. Miller continue néanmoins à écrire son scénario et, au fil des années, conçoit un univers gigantesque chargé en détails de toutes sortes.

Courant des années 2000, deux événements vont amener Miller à ressusciter le projet ; l’échec cuisant du deuxième volet d’ « Happy Feet » et l’annulation par la Warner de sa version de la « Ligue des justiciers ». Terrible annonce qui provoque la faillite de sa société d’effets spéciaux et qui le contraint à licencier bon nombre de ses collaborateurs. De plus c’est un affront qui empêche Miller de réaliser un de ces rêves ; à l’instar d’un Peter Jackson de concevoir ses propres studios en Australie et ainsi concurrencer Hollywood. Un quatrième volet est donc ainsi de nouveau envisagé. Après dix ans de maturation Miller dispose désormais de suffisamment de matière, de quoi même créer une trilogie tout entière.

C’est une nuit lors d’un vol international, à demi conscient que la structure de « Mad Max : Fury road » va lui apparaitre. Il visualise la totalité du film et l’envisage comme une course poursuite ininterrompues de deux heures. Miller opte pour une histoire très simple avec peu de personnages dans une unité de lieu et d’action. Ainsi les spectateurs adhèrent rapidement aux enjeux (simples en apparence) et pénètrent sans s’en rendent compte, un univers beaucoup plus vaste (Georges Lucas avait opté pour la même stratégie pour le tout premier « Star Wars »).

Spectacle total, « Fury road » est un déchainement anarchiste visuel absolument inouï. Même si la promotion du film a beaucoup été accès sur un tournage à l’ancienne avec des cascades sans effets numériques, la post-production elle s'en donne à cœur joie. En effet après un tournage plus que complexe, (intempéries multiples, cauchemar logistique, engueulade entre acteurs) le montage du film prendra deux ans. Deux ans durant lesquels Miller a quasiment « repeint » chaque image, chaque plan avec un souci maniaque et, avec l’aide de sa femme Margaret Sixel,  a réalisé un montage réellement dantesque. Tour de force narratif, le film ne nous perd jamais. Quatre actions peuvent se passer simultanément, le spectateur saura toujours se repérer géographiquement dans l’espace, on est pas chez « Fast and Furious ».

De plus, « Mad Max : Fury Road » est loin d’être un film vide de sens. Miller s’amuse à parsemer son récit de figures mythologiques. Furiosa et Max ne sont ils pas au fond la même personne ? L’une, dans une course effrénée, tourné vers un hypothétique avenir, l’autre hanté par un passé funeste. Deux faces d’une même pièce qui finalement doivent unir leurs deux visions du monde pour garder l’espoir (comme nous ?). Un « aller-retour» très « Campbellien » illustré littéralement par la course poursuites finale totalement démente.

Oubliez donc le faux événement sensé arrivé fin 2015 dans les salles, le nouveau « Star Wars » est déjà à l’affiche, et il est salement vénère !

*la costumières du film à l’idée géniale de faire toutes les boutiques SM de Sidney pour habiller les barbares de Mad Max 2.


Retour à La Une de Logo Paperblog