Magazine Humeur

Topinambours, bourrache et potager de Robinson

Publié le 21 juin 2015 par Jcr3

L'anticyclone s'est installé, il ne pleut pas et la sécheresse menace. Chaque pas, chaque mouvement de terre déclenche un panache de poussière.

On s'attendrait - presque - à croiser le chemin d'un buisson, roulé par le vent et de voir s'encadrer, entre le noisetier et le mur, la silhouette énigmatique d'un desperado en poncho, un harmonica à la bouche...

Mais non, la poussière s'est redéposée et au bout de l'allée, on n'entend que le caquètement des poules.

Pourtant, le soleil est déjà brutal en cette matinée. Le jardin ressemble à... non, terrain vague, c'est pas cool, jachère, non plus, vous voyez bien qu'il y a des trucs semés, là, derrières les fleurs des champs !

Champ de patates, ok, parce que c'en est un.

Un petit champ de patates et deux, trois autres trucs pour composer un potager de Robinson revenu à la raison - ou bien la perd t-il une peu plus à chaque saison ?

Ici des haricots - verts ; là des tomates - noires, jaunes, rouges ( Rally around the Red, Gold, Black & Green) de Crimée et d'ailleurs, et même de chez les Cherokees, parait-il. J'ai regroupé les plantes américaines, entre-elle, pour essayer de restaurer la symbiose : maïs à pop-corn, excellent, n'hésitez pas si vous avez de la place, maïs doux, avec des courges : potimarrons, sucrines du Berry et citrouilles classiques.

Tout ça, à proximité des haricots et d'une autre plante américaine qui réussit fort bien mais : Jean a de longues oreilles...

Les courgettes arrivent, la blanche italienne en premier. Pour être tout à fait honnête, ni aubergines ni poivrons n'ont réussis, cette année. J'insiste, cependant, avec les semis de la dernières chance cette dernière semaine de printemps.

Les sucrines, salades cette fois, remplissent des paniers entiers - doit-on y voir un funeste présage ? Non, car les petits pois sont rouges, hum, mûrs.

Dois-je l'avouer ? J'ai traité les patates et l'acanthe avec un poison du commerce...

Ben ouai, je sais... le reniement absolu !

Et tout ça pour bouffer des patates... je me sens Judas ses 30 pièces en bourse, depuis, la binette me blesse, même l'arrosoir me regarde de travers et m'arrose les pompes...

Mais voilà, j'assume et plus encore, je revendique, au nom de l'agriculture moderne, cette agriculture raisonnable, qui n'utilise les médicaments de Babylone qu'en cas de maladie identifiée.

Pas question ici d'agro-industrie, de traitement global systématique, ni de poisons en -ides. Juste un médicament contre le *$%# d'oïdium !

Une, deux ou trois interventions ponctuelles, sur les Acanthes déjà touchées, avant la floraison pour ne pas empoisonner les butineurs, et préventives, sur les patates, parce que sinon c'est le pourrissement assuré.

Un lecteur propose un mélange à 10% de lait dans l'eau sur les tomates, je vais essayer sur les plants en dehors de la serre qui sont touchés chaque année.

Moi, vous me connaissez, j'aime les abeilles, les bourdons, les papillons, même ces petit machins marrons allongé et ces scarabées joliment irisés, je les aime aussi.

C'est pour ça que je laisse la bourrache partout où elle vient. Il faut avoir assisté à son butinage en règle par le bourdon pour savoir ce que ''butiner'' veut dire.

Cela ne ressemble en rien au délicat trempage du bout de la langue d'une ''belle dame'' sur une fleur de mauve, non.

Le costaud déboule sur la fragile étoile bleue, à fond comme une camionnette 404 sur une piste africaine, il la percute de plein fouet, la secoue dans tous les sens, en vrombissant, avant de passer à la voisine.

La technique est parfaite il passe de l'une à l'autre à un rythme d'ouvrier à la chaine, causant une vibration calculée au plus juste pour se couvrir de pollen. Ils sont tellement concentrés que j'ai réussi à en caresser un, une fois, sans trop insister... Ils doivent être un peu bourrés avec tout ce nectar.

J'ai aussi trouvé un doryphore sur les patates. Ils sont revenus, les scarabées à rayures, les Rapetout du tubercule, mais comme je n'ai pas de sentiments particulier pour ce ravageur, je n'ai pas eu de dilemme à l'éliminer.

Je n'en avais pas vu depuis des lustres et m'en étonnais, car c'était dans ce même jardin que je gagnais mon argent de poche à en débarrasser les plants de pommes de terres, déjà...

Cela paraît une éternité. Et ça l'est du point de vue de la piéride qui vient de passer... Je vais surveiller mes choux.

Evidemment, pour la première photo, il faut plutot y voir une " plateforme d'observation horticole en chantier" qu'une '' cabane de Tom Sawyer restée en plan.'' Mais l'heure était au ratiboisage en règle des lauriers. Les branches ont pris, parfois de tels méandres que c'en est sculptural. J'ai dégagé les branches au prix de quelques frayeurs mais, je vais pouvoir maintenant contrôler le développement de ce Bonsaï géant.

Les fruitiers plantés à l'automne se portent bien surtout l'abricotier qui a lancé ses branches à l'assaut du ciel alors que les deux poiriers restent timides.

Ainsi, voilà un bref aperçu de cette expérience -in progress, de réappropriation du vivant en milieu semi-urbain, en temps réel, dans l'optique post-moderne tardive, de... et là faudrait que je case et ""développement durable" et "générations futures"réchauffement climatique" pour toucher une subvention mais bon...


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